Les législatives tchèques de vendredi et samedi ont complètement redessiné le paysage politique de ce pays, entraînant la démission de quatre chefs de partis politiques et l’arrivée de deux nouvelles formations dans une future coalition de centre-droit.
PRAGUE (AFP) - Les législatives tchèques de vendredi et samedi ont complètement redessiné le paysage politique de ce pays, entraînant la démission de quatre chefs de partis politiques et l’arrivée de deux nouvelles formations dans une future coalition de centre-droit.
Le grand parti de droite ODS (20,22%) et les nouveaux arrivant TOP 09 (16,7%), à droite, et Affaires publiques (VV, 10,88%), au centre, disposent ensemble de 118 des 200 sièges au sein de la chambre basse.
Ce score leur permettrait de constituer le gouvernement le plus fort de la République tchèque depuis 1996.
"Je vais démissionner dans sept à dix jours", a annoncé samedi d’une voix brisée Jiri Paroubek, chef des sociaux-démocrates (CSSD) et figure incontournable de la scène politique tchèque de ces cinq dernières années.
Souvent qualifié de populiste enclin à la confrontation, le "Bulldozer" réagissait à une véritable victoire à la Pyrrhus : le CSSD est arrivé en tête du scrutin (22,08%), mais s’est retrouvé dans l’incapacité totale de former une coalition.
Le CSSD et les communistes (KSCM, 11,27%) se voient en effet limités à un rôle de simples figurants, avec 82 sièges.
Ce résultat constitue une "révolte civique qui s’est déroulée par le biais des bulletins de vote", a lancé le politologue Michal Klima. "C’est un tremblement de terre", a-t-il aussi estimé, à l’antenne de la télévision publique CT.
La démission de M. Paroubek a été suivie par celles de trois autres leaders de partis qui n’ont pas quant à eux franchi le seuil d’éligibilité de 5%.
Cyril Svoboda, chef de la diplomatie en 2002-2006, a ainsi assumé la responsabilité de l’échec (4,39%) de l’Union chrétienne-démocrate (KDU-CSL). Cette formation centriste reste en dehors de la chambre des Députés pour la première fois depuis la chute du communisme en 1989.
Ondrej Liska, jeune chef des Verts (SZ), a opté pour le même geste : ce parti quitte le Palais Thun, siège de la Chambre, après un séjour unique de trois ans (2,44%).
Le dernier membre du quatuor démissionnaire est le vétéran Milos Zeman, Premier ministre social-démocrate en 1998-2002. Pour ces législatives, il avait fait son come-back, rassasié par des années de paisible retraite à la campagne. "Sorti de son terrier, le vieux blaireau y reviendra maintenant", a-t-il dit après que son "Parti des droits des citoyens" eut été crédité de 4,33% des voix.
Selon le président Vaclav Klaus, qui doit prochainement désigner celui qui sera chargé de la formation du nouveau gouvernement, les élections ont provoqué un "affaiblissement fondamental" des plus grands partis, le CSSD et l’ODS.
En effet, ces deux formations ont perdu une dizaine de points chacune comparé aux élections de 2006, à la suite de l’apparition éclair dans le ciel politique du TOP 09 et de VV.
"Le vainqueur (CSSD) a perdu, le troisième (TOP 09) a gagné", résumait le journal dominical Nedelni Blesk.
La perte de points de l’ODS doit servir d’"avertissement", a avoué son leader Petr Necas, partisan de la discipline budgétaire et probable chef du futur gouvernement, qui s’annonce d’ores et déjà comme le plus fort depuis la partition de la Tchécoslovaquie, en 1993.
L’ODS a dû aussi avaler une pilule amère avec sa défaite dans la capitale, Prague, jusqu’ici son bastion inébranlable, reconquis par TOP 09.