À l’issue d’une vague d’enquêtes, Amnesty International a recensé une "avalanche de lois" qui remettent en cause les principes fondamentaux de la liberté et des droits humains dans 14 pays de l’Union européenne.
L’Europe a été depuis deux ans la cible de nombreuses attaques terroristes. Le socle de valeurs qui faisait la force et l’unité du continent se sont alors fragilisés. La situation inquiète l’Amnesty International à l’issue d’une enquête réalisée par l’ONG dans quatorze pays de l’Union européenne (UE). À l’heure actuelle, seule la France, pays le plus durement frappé par les attentats en 2015 et en 2016 est le seul pays de l’UE à avoir mis en place un état d’urgence. Les autres pays ont de leur côté renforcé leur arsenal policier et de surveillance. Mais la menace terroriste aurait surtout entraîné une inversion de raisonnement chez les Européens.
Dans son rapport, Amnesty International a relevé une "avalanche de lois adoptées à un rythme effréné" et qui a" sapé les libertés fondamentales". L’organisation non gouvernementale internationale a par exemple constaté au Royaume-Uni des pouvoirs de surveillance parmi les plus radicaux de l’Union européenne, et même du monde. La loi approuvée en novembre 2016 autorise des interceptions de communication en masse, l’accès et la collecte de données personnelles, y compris en dehors des frontières britanniques, rapporte Le Monde. L’ONG a surtout fait un constat frappant par rapport aux lois limitant certaines libertés ou droits fondamentaux, comme la liberté d’expression, le droit à la vie privée ou la liberté d’aller et venir. Celles-ci sont surtout portées par des gouvernements modérés.
La liberté d’expression est également entravée. En France, la loi du 3 juin 2016 condamne par exemple la consultation "habituelle" de sites djihadistes. D’autres pays se joignent à cette idée, car l’Espagne et le Royaume-Uni évoquent une "glorification du terrorisme", tandis que l’Allemagne parle de "promotion du terrorisme". "Chacun a le droit d’avoir une opinion (…) et d’exercer de manière pacifique son droit à la liberté d’expression", a toutefois insisté l’ONG craignant des infractions pénales susceptibles d’entraver la libre circulation des idées. Le directeur d’Amnesty International regrette alors la "réaction molle" des institutions européennes. L’ONG constate surtout que ces mesures détruisent les principes de non-discrimination alors que les réfugiés, migrants et musulmans, ou supposés tels, sont pris pour cible.
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