Personne n’a rien vu venir, que ce soit les proches des trois jeunes filles ou les services de renseignements britannique. Elles sont parties le 17 février.
"Aucun signe", dit un des pères, interrogé par France Tv Info. "Aucune indication", ajoute le directeur de l’école. "Rien", assure la police. Il n’y avait que les images filmées par les caméras de surveillance à l’aéroport de Gatwick de Londres, au Royaume-Uni, pour attester le départ de ces trois adolescentes pour la Syrie.
Elles s’appellent Shamima Begum, Kadiza Sultana et Amira Abase. Les deux premières ont 15 ans, la troisième 16. Ce sont trois amies de "bonnes familles", décrites comme des jeunes musulmanes modernes, qui portent un foulard ou pas, pratiquent un islam modéré et sont à priori parfaitement intégrées, issues de familles unies.
Effondrées, les familles ont lancé d’émouvants appels dans l’espoir qu’elles ne rejoignent pas la Syrie. "Tu es forte, intelligente, belle, et nous espérons que tu prendras la bonne décision. S’il te plaît, rentre à la maison", a lancé la famille d’Amira Abase.
Le père de famille a assuré que jamais sa fille n’avait parlé du djihad à la maison, mais "peut-être qu’elle l’avait fait avec des amies. Elle n’aurait jamais osé avec nous. Elle savait quelle aurait été la réponse".
Les proches de Kadiza disent "vivre un véritable cauchemar" depuis le départ de leur fille. Quant à la famille Begum, elle a voulu avertir Shamima que "la Syrie est un endroit dangereux". "Nous comprenons que tu veuilles aider ceux dont tu crois qu’ils souffrent en Syrie. Tu peux les aider depuis chez toi, tu n’as pas besoin de te mettre toi-même en danger", a ajouté la famille.
Le porte-parole de la mosquée d’East London a expliqué : "Le message de la mosquée est : ’S’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît, prenez contact avec vos familles et elles vont vous aider à rentrer’". Il a cependant appelé les fidèles à ne pas tomber dans l’excès : "Il y a de l’inquiétude en ce moment, mais nous ne voulons pas que les parents surréagissent dans la communauté. Il serait facile pour les parents, par exemple, d’enfermer leurs enfants".
Ces trois adolescentes étaient des lycéennes sans histoire à la Bethnal Green Academy. Cette école jouit d’une excellente réputation, et elles y sont décrites comme de très bonnes élèves, "mais naïves et très vulnérables". La police pense qu’elles auraient suivi l’exemple d’une de leurs amies partie en décembre rejoindre les djihadistes de l’Etat islamique.
Une enquête avait alors été ouverte et elles avaient été entendues, mais il n’y avait rien à l’époque qui puisse suggérer que les jeunes filles elles-mêmes risquaient d’être radicalisées, selon un porte-parole de Scotland Yard.
"Nous sommes tous sous le choc et très tristes que trois de nos élèves soient portées disparues", a réagi le directeur de l’école. "La police nous a dit qu’il n’y avait aucune indication que la radicalisation des jeunes filles ait eu lieu au collège". D’ailleurs, à l’école, l’accès aux réseaux sociaux est strictement encadré. Les élèves n’ont accès ni à Twitter, ni à Facebook.
Il semble bien pourtant que les réseaux sociaux ont joué un rôle déterminant. Kadiza était particulièrement active sur Twitter. Elle comptait 11 000 followers, selon le Daily Mail. Shamima ne suivait que 77 comptes, mais 70 d’entre eux appartiennent à des extrémistes reconnus sur Twitter, d’après le journal. Peu avant de partir, Shamima aurait pris contact sur le réseau avec Aqsa Mahmood, une jeune femme qui a quitté Glasgow en novembre 2013 pour se marier en Syrie.
Les publications d’Aqsa Mahmood étaient étroitement surveillées. "Nous savons que son action sur les réseaux sociaux est régulièrement suivie et contrôlée" par la police, a déclaré l’avocat de la famille d’Aqsa Mahmood. "Si elle entre en relation avec d’autres jeunes et essaye de les recruter, ses parents se demandent ce que font les services de sécurité dans ce pays". Aux dernières nouvelles, les trois jeunes filles auraient été aperçues à la frontière syrienne.
What we know about the ISIS-bound British teen girls http://t.co/2GxB2DLHGW pic.twitter.com/L6OqP4IVvn
— CBC News (@CBCNews) 24 Février 2015