Le chef du Kremlin a fustigé les « ennemis » de la Russie dans un discours véhément, confirmant la fracture grandissante avec l’UE et Washington. Il n’a eu aucun mot pour les négociations pour une trêve en Ukraine.
Le président russe a corrigé des paragraphes entiers de son discours pré-rédigé par ses conseillers jusque dans les dernières heures précédent l’événement, rapporte Le Figaro. Vladimir Poutine était parfois fiévreux en s’adressant, jeudi, à la Nation depuis la salle des fêtes du Kremlin dans un exercice annuel destiné à rappeler à ses compatriotes la puissance du pouvoir russe.
Il voulait surtout rappeler que l’Occident, cet ennemi diffus du Kremlin, doté de « valeurs » étrangères, ne fera jamais plier la Russie. C’est cette entité vague, plus encore que le régime de Kiev, dirigé par des « sponsors américains », qui constitue désormais aux yeux de Vladimir Poutine la principale menace pour les intérêts de son pays.
Officiellement, Moscou n’a pas l’intention de « rompre » avec Bruxelles et Washington. Mais il était certain que les partenaires d’autrefois sont engagés dans une crise profonde et durable, après une heure de discours.
Certes, Kiev a agi avec « cynisme », il a « fusillé, tué des gens », a dit Poutine. Les responsables du « coup d’État » de Kiev ont fait « brûler vifs » leurs opposants, comme à Odessa. Néanmoins, le président russe a relégué les autorités de Kiev à un rôle subalterne, préférant s’attaquer à leurs « parrains » occidentaux.
« Même sans la Crimée et l’Ukraine, les États-Unis et leurs alliés auraient inventé autre chose pour freiner les opportunités de la Russie. Et cette manière de faire ne date pas d’hier », a accusé Vladimir Poutine.
« Aujourd’hui, ils essayent de toutes leurs forces de nous persuader qu’il existe une politique équilibrée à laquelle nous devons obéir sans réfléchir et de manière aveugle. Mais ce ne sera pas le cas », a-t-il ajouté. La Russie possède une « armée moderne, redoutable, prête au combat » interdisant à ses ennemis d’espérer acquérir la « suprématie militaire », a ajouté le chef du Kremlin.
Il a usé de métaphores historiques : tout comme elle a repoussé les nazis, la Russie a empêché l’Occident de « nous entraîner dans un scénario yougoslave de démantèlement ». « Hitler s’apprêtait à anéantir la Russie et à nous repousser jusqu’à l’Oural. Tout le monde doit se souvenir comment ce genre de choses se termine », a-t-il menacé.
Vladimir Poutine n’a eu aucun mot pour les négociations en vue de parvenir à une trêve dans le Donbass, semblant même se désintéresser du confit ukrainien. « La tragédie qui a lieu là-bas conforte totalement la justesse de notre position », a simplement déclaré le chef du Kremlin.