Le député-maire d’Evry Manuel Valls veut en finir avec les 35 heures pour sauver l’économie française."Je prône un dépassement des 35 heures, au nom même d’une augmentation des salaires, d’une augmentation du pouvoir d’achat", a-t-il déclaré dimanche sur Europe 1.
En clair, Valls propose de "déverrouiller" le système des 35 heures et réinstaurer l’ancienne durée légale du travail, soit un horaire d’environ 39 heures la semaine. Pour Manuel Valls, le dispositif des 35 heures est désuet et inadapté à l’évolution de l’économie mondiale.
"Est-ce que, dans le monde tel qu’il est aujourd’hui - avec la concurrence que nous connaissons -, nous pouvons nous permettre d’être sur des idées des années 1970, 1980, 1990 ? Non. Il faut dépasser la question des 35 heures", a-t-il insisté, provoquant la première polémique socialiste de l’année.
"Les 35 heures n’existent déjà plus réellement parce qu’elles ont été mises en cause progressivement. Ceux qui ont la chance d’avoir un emploi doivent pouvoir travailler deux ou trois heures de plus sans avoir recours forcément aux heures supplémentaires, qui ont beaucoup coûté à l’Etat", a poursuivi Manuel Valls taclant au passage et la patronne du PS Martine Aubry, l’auteur de la réforme des 35 heures entre 1998-2000, et Nicolas Sarkozy qui a mis en place le dispositif des heures supplémentaires.
Manuel Valls avance une nouvelle formule "travailler plus" et "travailler mieux" pour dégripper le système économique français.
Sa prise de position a déclenché des remous tant au sein de son parti que dans le giron de la droite.
Sur France Info, ce matin, le porte-parole du PS Bernard Hamon a estimé que la remise en cause des 35 heures était "une mauvaise intuition politique". Il a sommé Manuel Valls à "revenir dans le droit chemin". Selon Hamon, de tels propos sont "très approximatifs sur le plan économique" et "révèlent une méconnaissance de la réalité de l’organisation du travail aujourd’hui".
Le député des Landes Henri Emmanuelli a, lui, été plus virulent. Selon lui, les déclarations de Manuel Valls traduisent les "premiers effets très pervers de la primaire". "Le problème pour ces personnages-là, c’est pas de faire des propositions, c’est de faire du buzz médiatique", a-t-il lancé ce lundi.
Manuel Valls ne serait pas à son coup d’essai en critiquant ouvertement son propre parti. En 2009, il s’attaquait à des "éléphants" du PS (les aînés) qu’il qualifiait comme une "génération qui a failli". "Il est temps qu’elle passe la main à des hommes et des femmes contemporains", lâchait-il, ce qui lui a valu un sévère rappel à l’ordre de la part de Martine Aubry.
"Mon cher Manuel, s’il s’agit pour toi de tirer la sonnette d’alarme par rapport à un parti auquel tu tiens, alors tu dois cesser ces propos publics et apporter en notre sein tes idées et ton engagement. Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste", lui avait écrit la patronne du PS. Ce à quoi il a répliqué : "Je ne quitterai pas le PS, pas plus que je ne vais me taire".