Le cinquième et dernier accusé du meurtre en 2005 de la missionnaire américaine Dorothy Stang, défenseur des paysans sans terre en Amazonie, a été condamné samedi à 30 ans de prison, une affaire devenue un symbole de la fin de l’impunité des grands fermiers au Brésil.
RIO DE JANEIRO (AFP) - Le cinquième et dernier accusé du meurtre en 2005 de la missionnaire américaine Dorothy Stang, défenseur des paysans sans terre en Amazonie, a été condamné samedi à 30 ans de prison, une affaire devenue un symbole de la fin de l’impunité des grands fermiers au Brésil.
Le propriétaire terrien Regivaldo Galvao, 44 ans, surnommé "Taradao" (grand fou), a été condamné à la peine maximum fixée par la loi brésilienne pour "homicide doublement qualifié" par le tribunal de justice de Belem, la capitale de l’Etat amazonien du Para.
Les qualifications portent en particulier sur le fait qu’"une récompense (supplémentaire) a été promise aux tueurs après le meurtre", a déclaré le procureur Edson Cardoso de Souza au site G1 de Globo.
Galvao peut encore faire appel de sa condamnation prononcée en présence du frère de la missionnaire, David Stang, venu des Etats-Unis pour assister à l’audience, mais il aura du mal à obtenir une peine moins lourde, selon des analystes.
Ils font valoir que le meurtre de cette religieuse étrangère a eu un énorme retentissement au Brésil où ce procès semble sonner la fin de l’impunité des commanditaires d’assassinats de petits paysans en Amazonie, toujours des grands propriétaires.
Le Para est la région la plus violente du Brésil en matière de conflits agraires. Près de 1.300 travailleurs ruraux y ont été assassinés en 34 ans et dans quatre cas seulement les commanditaires ont été jugés et condamnés.
Agée de 73 ans, Dorothy Stang a été exécutée de six balles le 12 février 2005 à Anapu, à 700 km de Belem, alors qu’elle venait d’assister à une réunion de paysans sans terre avec lesquels elle développait un projet écologique.
Les "fazendeiros" (propriétaires terriens) de la région accusaient la missionnaire d’inciter les paysans à envahir leurs terres.
Le ministère public du Para considérait Galvao comme l’un des deux commanditaires du meurtre de la religieuse. Jusqu’à récemment, le prévenu avait néanmoins toujours réussi à échapper à un procès en présentant des recours.
Mais le 13 avril, l’autre commanditaire présumé, le propriétaire terrien Vitalmiro Bastos de Moura, 39 ans, dit "Bida", a été condamné à 30 ans de prison ferme lors de son troisième procès.
D’abord condamné, il avait été acquitté lors d’un deuxième procès, une décision qui avait provoqué un tollé dans le pays.
Le procureur Edson Cardoso de Souza a établi que Galvao était le propriétaire des terres où la religieuse a été assassinée et qu’il les avait vendues à son complice Bida juste avant le crime.
Galvao et Bida sont accusés d’avoir versé 50.000 reais (22.000 euros) à deux "pistoleiros" pour éliminer Stang.
Trois personnes ont déjà été condamnées et écrouées dans cette affaire. Rayfran das Neves, celui qui a tiré sur Stang, avait été condamné à 28 ans de réclusion, Clodoaldo Batista, son complice, à 17 ans, et Amair Feijoli, un propriétaire terrien ayant servi d’intermédiaire avec les tueurs, à 18 ans.