C’est une première aux Etats-Unis. Barack Obama a affiché publiquement son soutien au droit des homosexuels à se marier.
Barack Obama devient le premier président américain à reconnaître le mariage gay, à six mois des élections présidentielles. "Pour moi, à titre personnel, il est important de dire que je pense que les couples du même sexe doivent pouvoir se marier", affirme Barack Obama dans un entretien diffusé sur la chaîne de télévision ABC. Il a cependant souligné qu’il appartient à chaque Etat américain de se déterminer sur la question.
Le président américain s’est prononcé en faveur du mariage gay, après avoir longtemps entretenu le mystère sur sa position. Il a expliqué être parvenu à cette conclusion après avoir parlé "à des amis, des membres de ma famille, des voisins" et consulté "des membres de mon équipe qui sont dans des relations homosexuelles monogames très étroites et élèvent des enfants ensemble".
Il a aussi évoqué le cas des militaires homosexuels qui se sentent encore "limités (...) parce qu’ils ne peuvent pas s’engager dans un mariage". Alors que très récemment, les Etats-Unis ont entériné l’abolition d’une loi obligeant les militaires à cacher leur orientation sexuelle au risque d’être renvoyé de l’armée.
Avant de prendre position, le président américain a également affirmé avoir discuté avec des étudiants républicains qui "croient à l’égalité" en matière de droits des homosexuels.
De façon très privée, le mari de Michelle Obama a aussi révélé que ses filles pré-adolescentes "Malia et Sasha ont des amis dont les parents sont du même sexe". Selon lui, marginaliser les homosexuels "n’a aucun sens pour elles, et franchement, cela change la perspective" sur ce débat, estime-t-il.
Depuis 2008, le président démocrate s’est déclaré favorable aux unions civiles, mais sans soutenir ouvertement le droit des homosexuels à se marier. Il y a quelques mois, il a laissé entendre que sa position était "en train d’évoluer" sur ce sujet.
C’est le vice-président Joe Biden qui a été le premier à franchir le pas dimanche dernier lorsqu’il s’est prononcé pour la première fois en faveur du mariage gay.
Dans un pays très conservateur comme les Etats-Unis, les déclarations de Barack Obama ont fait réagir plus d’un. A commencer par son probable adversaire républicain Mitt Romney. Ce dernier a immédiatement fait savoir sa désapprobation, soulignant qu’il n’était "pas en faveur du mariage entre personnes du même sexe ni des unions civiles si elles ne diffèrent du mariage que par le nom".
Même réprobation du côté du président du parti républicain, Reince Priebus. Il a rappelé que sa formation reste inflexible sur cette question, réitérant qu’"un mariage (implique) un homme et une femme, et nous nous opposerions à toute tentative de changer cela". L’homme est même allé jusqu’à accuser Obama de faire de la "politique politicienne".
En revanche, dans les rangs des défenseurs des droits des homosexuels, c’est le satisfecit. La très puissante association GLAAD a salué un geste "historique" du président américain. "Le cours de l’histoire s’est davantage rapproché de l’égalité pour chaque Américain aujourd’hui", se réjouit le président du collectif Herndon Graddick.
Sans se positionner clairement, le maire de New York Michael Bloomberg a qualifié l’annonce de Barack Obama de "tournant majeur dans l’histoire des droits civiques".
Selon les sondages, les Américains restent très divisés quant à la question du mariage gay : 50% sont pour et 48% contre, d’après l’institut Gallup qui a publié une dernière enquête mardi.
A noter que les mariages entre partenaires du même sexe sont légaux dans 6 Etats américains sur 50, outre la capitale Washington. Au total 30 Etats ont par contre adopté des amendements constitutionnels limitant le mariage à une union entre un homme et une femme. Pas plus tard que mardi, les électeurs de l’État de Caroline du Nord ont approuvé par 61% des voix un amendement constitutionnel qui interdit le mariage entre deux personnes du même sexe.