La nouvelle est tombée hier soir. Sur le plateau de TF1, le Président du Parti radical et leader de l’Alliance des Centres Jean-Louis Borloo a déclaré qu’il renonçait à l’élection présidentielle. Depuis Paris, Jean-Philippe Karouby, son chargé de mission Outre-Mer, a décrypté cette annonce retentissante, saluant une attitude "responsable" et la "décision courageuse d’un homme qui veut à tout prix éviter la montée du Front National".
Jean-Louis Borloo a annoncé hier soir sur TF1 qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle de 2012. Cette annonce a fait l’effet d’une bombe et nombre d’élus du Centre se sont dits "déçus" par ce renoncement qui intervient à sept mois seulement du premier tour. Etes-vous également déçu par l’attitude de Jean-Borloo ?
Jean-Philippe Karouby : Effectivement, j’ai entendu parler de déception, d’amertume, de colère. Je pense que ces personnes qui ont jugé Jean-Louis Borloo ne le connaissent pas bien. J’estime pour ma part que cette décision est une décision courageuse, celle d’un homme politique responsable, qui a pris toute la dimension de la crise actuelle, une crise qui n’est pas seulement économique mais aussi sociale. Le Ministre Nouveau Centre Maurice Leroy a décrit un homme qui "reste dans le centrisme et pas dans l’égocentrisme". Je pense que Jean-Louis Borloo est un homme responsable qui a renoncé à ses enjeux personnels pour empêcher un morcellement des candidatures car cela pourrait profiter aux extrêmes. A ceux qui manifestent leur désarroi, je réponds qu’il faut applaudir cette décision au lieu de s’étonner.
En comité restreint, Jean-Louis Borloo avait confié, il y a plusieurs semaines déjà, son besoin de réfléchir à la situation politique actuelle. Il a finalement décidé de privilégier l’intérêt général pour éviter la montée du Front National. Il faut aussi prendre en compte le basculement historique du Sénat à Gauche. La Chambre Haute est une assemblée responsable, connue pour ne pas être émotive. Le Centre n’a pas été capable de trouver cette union au Sénat. A l’approche de la présidentielle, je pense que cet événement a été déterminant dans le choix de Jean-Louis Borloo.
Beaucoup d’élus ont appris la nouvelle en regardant le 20 heures de TF1, d’où ce sentiment d’amertume. Selon vous, pour quelles raisons Jean-Louis Borloo n’a-t-il prévenu personne ? Y-a-t-il une crise de confiance au sein du parti, un certain malaise ?
Jean-Philippe Karouby : Cette attitude le regarde. Je pense que l’émotion était tellement forte qu’il a préféré taire sa décision jusqu’au dernier moment. Il savait que les élus centristes tenteraient de le faire changer d’avis. Je pense qu’il ne voulait pas avoir à se justifier.
Ce n’est même pas une question de mépris. Jean-Louis Borloo a fait cette annonce avec beaucoup de solennité. Un congrès aura lieu en 2012. Après concertation, les élus du Centre présenteront leurs choix pour l’élection présidentielle.
Les détracteurs de Jean-Louis Borloo expliquent qu’il ne se sentait pas à la hauteur, que le projet présidentiel était trop lourd à porter. Qu’en pensez-vous ?
Jean-Philippe Karouby : François Bayrou a fait un score de 18% en 2007. Cet exemple prouve que l’on peut faire vivre une belle campagne en disposant de peu de moyens et de peu d’appuis. Je ne pense pas que ce soit la raison du renoncement de Jean-Louis Borloo. Concernant les pressions qu’il aurait subies, à partir du moment ou vous quittez l’UMP, ce n’est pas évident, forcément. Des pressions ont été exercées sur des parlementaires, mais là encore je ne sais pas si ce facteur a penché dans la balance.
Vous avez été nommé chargé de mission Outre-Mer, et à ce titre, vous avez mené un important travail dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. Avez-vous le sentiment d’avoir fourni des efforts pour rien ?
Jean-Philippe Karouby : Le travail que j’ai effectué et les idées que j’ai défendues seront mises en avant, d’une façon ou d’une autre. Rien n’est dessiné à l’heure actuelle. Jean-Louis Borloo réunira ses plus proches collaborateurs demain. Je participerai à cette réunion. Notre projet humaniste, nous entendons bien le faire vivre.