Le verdict est tombé. Jean-Pierre Pothin a été reconnu coupable du meurtre de Philippe Robert alias le Lion des Camélias. Il est condamné à 15 ans de prison ferme.
Le procès Thérinca est fini. Les jurés ont tranché. Le verdict est tombé. Jean-Pierre Pothin a été reconnu coupable d’avoir tué le soir du 25 août 2008 Philippe Robert dit Thérinca. A compter d’aujourd’hui et pendant 15 longues années, le « tigre » restera derrière les barreaux. Malgré une brillante plaidoirie de Me Anihla, le jury a décidé que Jean-Pierre Pothin devait payer pour cet homicide volontaire sur la personne de Philippe Robert.
Pourtant, Me Anihla commence en faisant appel à la sensibilité religieuse du jury. En effet, d’entrée de jeu, elle fait une comparaison avec le procès de Jésus Christ à qui personne a donné sa chance de montrer qui il était vraiment. « Jean-Pierre Pothin est peut-être loin de la perfection mais la loi du pardon existe si vous lui reconnaissez des circonstances largement atténuantes, il faut savoir qui nous jugeons, qui nous condamnons », plaide-t-elle.
Dans la foulée, l’avocate de la défense dresse le portrait de Jean-Pierre Pothin, de sa souffrance quasi innée. Pour autant, elle ne s’éternise pas volontairement sur son enfance malheureuse, le manque de patriarche - l’accusé est né de père inconnu - qu’il recherchait sûrement en Philippe Robert dit Thérinca. Un père de substitution qui a déçu l’accusé, qui l’aurait trahi selon Me Anihla.
La défense souligne par ailleurs la volonté de Jean-Pierre Pothin de tout faire pour réussir malgré des bases sociales peu encourageantes. « Pothin a toujours essayé de s’en sortir. Il était égoutier à la ville de Saint-Denis, il avait les mains dans la m…. Mais c’était un statut social, une réussite pour lui, un gagne-pain, une façon d’élever sa famille », poursuit-elle. « Pothin a les pieds bien sur terre. Quand il ne doit compter que sur lui, il le fait », ajoute-t-elle.
Le soir du 25 août 2008, au n°26 allée des Cotonniers dans le quartier des Camélias, Jean-Pierre Pothin l’a fait. Il a bel et bien tiré sur Philippe Thérinca. Il a tiré sur quelqu’un qui « faisait des grands gestes, qui insultait ma femme », avait déclaré l’accusé. « Mais jamais je n’aurais pensé que ça arrive à ce stade, je veux vivre comme tout le monde, sincèrement je regrette tout ceci », aurait déclaré l’accusé lors de son audition. « Il a regretté tout de suite », avance Me Anihla.
L’avocate de la défense met l’accent également sur le désir de Jean-Pierre Pothin de ne pas chercher d’ennui. Pour preuve, le soir du drame, il sort mais reste au portail. Puis il rentre. Mais il voit des gens bouger, des gens qui font face à sa femme et sa fille qu’il ne voit pas. Il voit Philippe Thérinca menacer sa famille. C’en est trop pour lui. Il a peur, pour lui, pour sa famille. N’a-t-il pas eu sa maison incendiée quelques heures après sa garde à vue ? N’avait-il pas été frappé une fois ?
D’autre part, l’avocate de la défense insiste sur le témoignage de la fille de l’accusé Iseline, témoignage qu’elle estime probant et essentiel dans cette affaire. Lors de sa déposition, elle avait en effet affirmé que Philippe Robert voulait se battre avec son père, que le Lion des Camélias l’avait insultée devant son père. Mais Jean-Pierre Pothin, qui ne ferait pas le poids devant l’ancien boxeur, passe simplement sa tête par-dessus le portail demandant à la victime de laisser sa famille, puis rentre alors dans sa case. On connaît hélas la suite…
« Il a vraiment eu la trouille, il fallait qu’il se défende, qu’il défende sa famille, il n’avait plus d’autre moyen d’arrêter ces gens-là que de tirer, il a tiré, c’est vrai mais je suis convaincue qu’il ne voulait pas le tuer, d’ailleurs il a déclaré qu’il ne savait pas qu’il pouvait tuer avec cette arme et à cette distance. Il a fait cela pour arrêter les choses. Il ne peut pas y avoir d’intention de tuer avec un troisième round, c’est à dire qu’il sort, tire une fois accidentellement, monte sur le toit et là tire encore », constate Me Anihla, qui termine en demandant aux jurés de retenir la légitime défense.
Jean-Pierre Pothin se lève alors avant que le jury se retire pour délibérer. Il déclare : « Je regrette sincèrement ce qui s’est passé. Je demande pardon à toute sa famille, à ses amis, je ne voulais pas »,
Le jury a reconnu Jean-Pierre Pothin coupable d’homicide volontaire sur la personne de Philippe Robert. Il a estimé qu’il y avait intention de tuer, qu’il n’y avait pas de légitime défense. Jean-Pierre Pothin est donc condamné à 15 ans de prison ferme.