Une étude réalisée en France a mis en évidence que la mortalité par le cancer du poumon a diminué de moitié en l’espace de 10 ans chez les hommes entre 15 et 44 ans. Elle a quadruplé chez les femmes de la même tranche d’âge. Ces variations résultent de la diminution du nombre moyens de cigarettes fumées chez les hommes et de son augmentation chez les femmes, selon toujours les auteurs de cette étude.
Historiquement, la mortalité par cancer du poumon chez les hommes a atteint son paroxysme en 1993 mais a considérablement diminué depuis. Et pourtant, chez les femmes, elle ne cesse d’augmenter depuis 1980 et s’est même accélérée dans les années récentes.
Ce succès auprès des hommes est « presque entièrement attribuable à la prévention du tabagisme » selon le dernier bulletin épidémiologique (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (InVS).
Catherine Hill de l’Institut Gustave Roussy déclare : « on peut prévoir que l’épidémie va continuer chez les femmes au fur et à mesure que vieilliront les générations qui ont beaucoup fumé ». En effet, les ventes de cigarettes sont restées constantes de 2004 à 2009. Les femmes compensent donc la diminution de consommation des hommes. Ce qui explique l’explosion du taux de mortalité des femmes à cause du cancer du poumon. Et pourtant, le cancer est la deuxième cause de mortalité des femmes en France.
De ce fait, pour Françoise Weber, directrice générale d’InVS, et de Catherine Hill : « il faut poursuivre les actions tous azimuts, en particulier sur les prix, si l’on veut aboutir à une réduction massive du problème ». En dépit des différentes mises en garde sur chaque paquet de cigarettes, le tabac est encore responsable de 13% des décès avant 65 ans en France. Il faut croire que la peur et les menaces n’ont pas grand effet sur les fumeurs, ou plutôt fumeuses !
Une campagne de prévention choc a été lancée par l’association Droits des non-fumeurs (DNF) en février dernier. Le message véhiculé par l’association est « fumer c’est être esclave du tabac ». Un message dur à avaler pour certain car il compare le fait de fumer par une soumission sexuelle. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde et qui fait réfléchir plus d’un !
Et pourtant toutes les actions de sensibilisation menées jusqu’ici sont parties en fumée. Le tabagisme s’attaque à un public de plus en plus jeune. Les chiffres : le taux de fumeurs quotidiens (homme ou femme) a augmenté entre 2004 – 2007 et 2008 – 2009 de :
· 5% à 8% chez les jeunes de 14 ans,
· 8% à 10 % chez les 15 ans,
· 14% à 18% chez les 16 ans,
· 20% à 22% chez les 17 ans,
· 24% à 25% chez les 18 ans.
En France, le cancer (pas uniquement celui du poumon) cause plus de décès que le Sida, le paludisme et la tuberculose réunis. Jusqu’à aujourd’hui, les actions de prévention et de sensibilisation ne portent pas leur fruit. Inefficacité ou campagnes mal ciblées ? D’autant plus que le public les estime comme « beaucoup de bruit pour rien ». En tout cas, il y a encore d’énormes efforts à fournir. Il faut espérer que ce lundi 31 mai, journée mondiale sans tabac, soit respectée par tous.