Des échanges vifs ont eu lieu, dans la nuit du vendredi 22 avril, entre la police mauricienne et des manifestants devant les Casernes centrales à Port-Louis. Ces derniers sont venus demander la libération de l ’activiste Dominique Deeseeal, plus connu comme Darren Activiste.
L’assaut est donné par la police mauricienne. Celle-ci donne la charge sur les manifestants et rapidement des gaz lacrymogènes sont projetés sur la foule, dispersant celle-ci. A Résidence Barkly, un jeune homme de 28 ans est blessé par balle au menton et gît sur le bitume inconscient avant d’être pris en charge et transféré à l’hôpital.
Les violences sont montées crescendo après plusieurs jours de tension dans l’île sœur à la suite de la colère des Mauriciens face au manque de mesures des autorités mauriciennes contre la hausse des prix.
Les Mauriciens se sont rassemblés hier soir devant le quartier général de la police mauricienne pour demander la libération de l’activiste Darren, arrêté un peu plus tôt dans la journée et accusé d’être à l’origine d’une manifestation illégale contre la vie chère.
En plus de sa libération, les manifestants demandaient que Darren soit emmené à l’hôpital. Il semblerait que l’activiste ait été blessé depuis qu’il a fait l’objet d’une arrestation musclée par la police.
Le spectre des émeutes de 1999 plane sur l’île Maurice avec une colère qui se répand rapidement. Plusieurs feux sont allumés dans diverses rues du chef-lieu de l’île sœur. Plusieurs localités de la capitale sont le théâtre de violences et d’affrontements. A Sainte-Croix, un poste de police est ciblé par les manifestants, les caméras de surveillance sont endommagées.
L’île Maurice a connu une nuit d’affrontement tendu selon Jean-Luc Emile, correspondant d’Antenne Réunion à Maurice. L’attention était portée sur Camp Levieux, un faubourg de Rose-Hill où tout a commencé mercredi dernier. En fin de soirée, les hostilités ont gagné plusieurs régions du pays en même temps avec des échanges de tirs, de gaz lacrymogène et des cocktails molotov.
Selon le correspondant d’Antenne Réunion à Maurice, l’activiste Darren a été libéré comme le demandaient les manifestants. Il a été libéré sur parole contre une caution ce samedi matin après sa comparution en cour, où il devra comparaître lundi.
Mais, comme Jean-Luc Emile explique, derrière cette manifestation, il y a également la question de la vie chère. “Les Mauriciens attendent des mesures fortes des autorités mauriciennes ; des mesures que l’on espère arriveront très vite”, clame-t-il.
Après les crises à répétition qui ont frappé l’île Maurice depuis 2020, Jean-Luc Emile explique qu’il y a une colère au sein de la population mauricienne que, certains, qualifient de justifiée. Depuis ces dernières semaines, les prix des produits de consommation n’ont pas cessé d’augmenter. Couplées à cela, il y a eu la hausse du prix du gaz ménager et celle du prix des carburants.
Cela fait beaucoup car ces augmentations font suite à la situation héritée de la crise Covid et l’inflation galopante. Les Mauriciens s’attendent vraiment à des mesures rapides alors que dans les discours des autorités, on demande d’attendre jusqu’au vote du budget en juin prochain.
“Les Mauriciens semblent ne pas pouvoir attendre car ces familles souffrent. Les prix dans les supermarchés rendent la situation très difficile et consommer devient un véritable casse-tête”, souligne le correspondant d’Antenne Réunion à Maurice.
Le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, actuellement en Inde, se dédouane de toute critique concernant sa gestion du pays tout en mettant en garde les manifestants contre les débordements. En guise de réponse, ce dernier évoque une éventuelle banqueroute du pays qu’il souhaite éviter.
Si le calme semble être retrouvé au lendemain de ces événements qui ont secoué l’île sœur, la colère des Mauriciens reste entière. Il est à rappeler qu’au-delà des mesures correctives pour contrer la cherté de la vie à Maurice, c’est l’“incapacité” du gouvernement à gérer l’économie du pays au détriment d’une large frange de la population mauricienne qui lui est reprochée.