La crise des "Gilets Jaunes" a mis la France dans une position délicate. Arrivé jeudi à Bruxelles, le président de la République a rassuré les Européens. Son ambition de "refonder" l’Union européenne est toujours d’actualité.
Pour le dernier sommet européen de l’année, le dirigeant français s’est présenté affaibli devant ses homologues. Une image opposée de celle qu’il avait donnée il y a 18 mois, au début de son quinquennat. Dès son arrivée au Conseil, Emmanuel Macron a annoncé son intention de s’expliquer concernant les mesures sociales qu’il a annoncées lundi afin d’apaiser les "Gilets Jaunes".
"Je dirai les choix que j’ai faits pour répondre à une colère que j’estime légitime et juste, des choix de véritables accompagnements, des mesures fortes d’accélération et de renforcement de baisses d’impôt en particulier, pour que le travail paie mieux dans notre pays", a-t-il déclaré, confirmé par le quotidien La Croix.
L’enjeu de son explication est de répondre aux craintes de tous ceux qui s’inquiètent d’un dérapage budgétaire de la part de la France. En effet, le chef de l’État a promis de rester dans les limites fixées par l’Union européenne.
Malgré le coût exorbitant des mesures annoncées par Emmanuel Macron lundi, il a assuré que cette réponse aux "Gilets Jaunes" n’entrave pas la volonté de la France de se maintenir dans le cadre des réformes européennes et de maîtriser ses dépenses.
En effet, le coût des mesures qui a été annoncé lundi en faveur du pouvoir d’achat des Français est évalué à 10 milliards d’euros. Une somme qui devrait aggraver le déficit budgétaire à environ 3,4% du Produit intérieur brut (PIB) pour 2019, contre une prévision de 2,8% initialement.
"Cette colère (...) s’exprime partout en Europe, avec des votes extrêmes qui montent dans certains pays, avec le Brexit...", a fait savoir le Président Macron.
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D’après un diplomate, Emmanuel Macron n’est pas le seul qui est à la peine. Énormément de dirigeants présents au Conseil sont en difficulté dans leur pays, comme la Britannique Theresa May avec le Brexit ou l’Allemande Angela Merkel avec sa position très fragilisée, l’Italien Giuseppe Conte avec son budget 2019 ou encore le Belge Charles Michel avec sa crise politique.
Une source européenne a regretté que de très nombreux sujets européens nécessitent une France impliquée. Et pourtant, depuis les manifestations des "Gilets Jaunes", elle ne l’est vraiment plus.
"Nous avons terriblement intérêt à ce que la présidence de Macron se passe bien. Surtout dans la perspective des élections européennes qui va être une immense bataille entre pro et anti-européens", a estimé un autre responsable.
Le président de la République a affirmé que la crise ne menaçait en aucun cas son engagement pour l’UE.
"Je ne mènerai jamais le projet européen, auquel je crois, contre des aspirations que j’estime légitimes. Je pense qu’elles sont réconciliables et c’est ce que nous sommes en train de faire", a-t-il dit.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en mai 2017, il y a eu des avancées majeures en Europe, comme la défense ou la taxation du numérique, ou encore le travail détaché. Toutefois, il faut savoir qu’il faut un compromis pour faire avancer l’Europe.