Le premier débat télévisé de la primaire à droite d’hier soir a tenu ses promesses. Les sept candidats ont fait une autocritique de la droite pour trouver une voix commune.
"Si on est tous candidats, c’est qu’on n’a pas forcément les mêmes idées". C’est ainsi que Nicolas Sarkozy a résumé le premier débat télévisé de la primaire à droite d’hier soir organisé par TF1, RTL et Le Figaro. Pendant plus de deux heures, les sept candidats ont mis en avant leurs différences et usé de rhétorique pour conquérir les électeurs.
Jean-François Copé a d’emblée évoqué un thème qui lui est cher : "la rupture" que Nicolas Sarkozy a promise en 2007. "Cette rupture, malheureusement, on ne l’a pas faite", a-t-il déploré. Il est vrai que la droite n’a pas supprimé les 35 heures, baissé les effectifs de la police. "On a perdu en 2012", a-t-il résumé. Juste à côté de Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy s’était senti visé et a grincé de la mâchoire. Il le fera plusieurs fois pendant la soirée.
Ironie du hasard du tirage au sort, Nicolas Sarkozy se trouvait au centre du plateau, mais également du débat, cible des attaques des autres candidats. "De quinquennat en quinquennat, la France tombe toujours plus bas", a déploré Bruno Le Maire. Jean-Frédéric Poisson a acquiescé, accusant la droite et le centre de n’avoir fait que "des pauses, des parenthèses avec les projets de la gauche" quand ils étaient au pouvoir. "Je n’ai pas participé à ce renoncement", a ajouté le président du Parti chrétien-démocrate, dont c’était la première apparition à égalité avec ses rivaux.
François Fillon, Premier ministre de Nicolas Sarkozy, la situation était plus délicate. "J’ai toujours dit que la France était en faillite", a-t-il lancé en rappelant le moment qui à ses yeux constitue la première et essentielle rupture avec l’ancien président de la République, en 2007.
Seul Alain Juppé a évité l’affrontement. La voix parfois enrouée, sans doute à force de faire des discours de meeting, l’ancien Premier ministre s’est tenu volontairement à l’écart des escarmouches.
Isolé, Nicolas Sarkozy a sauvé la mise en jouant le jeu du rassemblement. "Nous avons gouverné ensemble pendant cinq ans", a-t-il rappelé. Mais le chrono tournait, et l’ancien président de la République perdit patience. Quand Jean-François Copé a revendiqué la paternité de la loi sur l’interdiction du voile intégral, Nicolas Sarkozy l’a repris : "La loi sur la burqa, ce n’est pas toi qui l’as imposée. Tu étais bien incapable d’imposer quoi que ce soit au président ou au Premier ministre", a-t-il dit.
C’est Bruno Le Maire qui a évoqué le sujet de l’ "exemplarité" le premier, en donnant sa définition personnelle : "une condition préalable à toute prétention à exercer des responsabilités". L’ex-ministre de l’Agriculture a beau précisé qu’il ne s’adressait à "personne" en particulier, Alain Juppé lui a immédiatement répondu en lançant : "Je tiens mon casier judiciaire à la disposition de Bruno ! ". "Si les Français estiment que ma faute me disqualifie, ils ne m’éliront pas", a ajouté l’ancien Premier ministre à propos de sa condamnation en 2004.
Le ton a vraiment monté sur l’affaire Bygmalion. François Fillon avait déclaré en meeting : "Imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen ?". Répondant à cette attaque en même temps qu’à celle de Bruno Le Maire sur l’"exemplarité", Nicolas Sarkozy a asséné : "Ce ne sont pas des déclarations qui honorent ceux qui les prononcent !". "Mon casier judiciaire, depuis trente-sept ans de vie politique, est vierge", a fait valoir l’ancien président de la République.
Les candidats à la primaire à droite et du centre étaient cependant unanimes sur un sujet : François Hollande. "Je découvre que le président de la République française non seulement est inefficace et incompétent, mais que c’est en plus un manipulateur", a dit François Fillon. "Jusqu’où François Hollande va-t-il salir la fonction présidentielle ? ", a renchéri Nicolas Sarkozy.