Marie-Patricia Hoarau est agent administrative dans une association de Fréjus, subventionnée par le Conseil général du Var et spécialisée dans la réinsertion des bénéficiaires du Revenu de solidarité active. Agée de 19 ans, elle est paraplégique depuis un accident de VTT. Un handicap qui lui a valu d’être "débarquée" le 21 mars dernier d’un vol Paris-Nice sur la compagnie à bas prix easyJet, au motif qu’elle n’avait pas d’accompagnateur. Une scène qu’elle ne digère pas et pour laquelle elle a saisi la Halde.
"J’avais enregistré normalement, je n’avais qu’un bagage à main et, pour mon embarquement dans l’avion de 13h45, j’ai bénéficié de l’assistance au sol jusqu’à ce que je sois installée. Jusque-là tout s’est déroulé comme d’habitude", raconte-t-elle. "Une fois tous les passagers installés, le steward est venu me dire : on ne peut pas vous accepter car vous n’avez pas d’accompagnateur. Un passager, commandant de bord à la British Airways, s’est proposé de remplir ce rôle et je pensais que tout était réglé. Sauf que le commandant de bord a annoncé au micro que le vol allait avoir du retard".
Marie Patricia Hoareau a alors été raccompagnée par l’assistance à l’intérieur de l’aéroport, jusqu’au comptoir d’easyJet, "sous les huées des autres passagers". Un billet gratuit lui a été alloué pour le vol suivant de 14h20 et un passager a été sollicité pour l’accompagner jusqu’à l’arrivée à Nice.
A son retour à Fréjus, Marie-Patricia Hoarau a contacté plusieurs associations, dont l’Association des paralysés de France, qui n’ont pas répondu. "Sur les conseils d’une amie", elle a alors "décidé de médiatiser l’affaire". C’est alors qu’elle a contacté la Halde. Les faits ont depuis fait réagir le secrétaire d’Etat chargé des Transports, Dominique Bussereau, qui a réclamé des explications.
La Halde compte désormais aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à l’action en justice. "Nous avons, à plusieurs reprises, mis cette société en demeure de nous fournir ses justifications", a souligné hier sa présidente, Jeannette Bougrab, dans La Croix : "notre patience a des limites".
Pour justifier sa décision, la compagnie avait invoqué ses obligations en matière de sécurité : "Nous avons décidé de saisir le tribunal de grande instance pour obtenir la communication de ces pièces". Et la présidente de la Halde de rappeler : "Aujourd’hui, la règle est pourtant claire ; une compagnie n’a pas le droit de refuser un passager en raison de son handicap, même s’il peut y avoir des dérogations"
(La vidéo jointe est un enregistrement sonore réalisé par Europe 1 au lendemain de l’affaire)