Bien que très apprécié par les grands parfumeurs et même une société pharmaceutique, le géranium tente de survivre. Dans les hauteurs de l’Ouest, certains font de la résistance.
Connaissez-vous le Pélargonium Capitatum Ait ? Un nom scientifique bien compliqué pour décrire le géranium rosat, plus connu chez nous comme le géranium Bourbon.
Cette longue plante aromatique aux feuilles étirées vertes munies de nervures rougeâtres, pétiolées, divisées en trois lobes, très découpées, échancrées, duveteuses et poilues...
Bref, cette plante élégante et surtout très parfumée, à l’odeur de rose, est cultivée depuis près de deux siècles à la Réunion. En provenance d’Afrique du Sud, la plante a été importée à la Réunion en 1870 pour être distillée la toute première fois deux ans plus tard à la Plaine des Palmistes.
Mais aujourd’hui si elle a encore du succès auprès des plus grands parfumeurs, elle est hélas de plus en plus abandonnée. Beaucoup de producteurs, à cause des différents cyclones et de la concurrence chinoise voire égyptienne, baissent les bras. D’autant que sa culture est longue et fastidieuse.
Jérôme, quant à lui, poursuit malgré tout la tradition familiale. " Ce n’est plus rentable comme avant, il faut être passionné pour la cultiver ", confie-t-il quelque peu déçu d’une telle constatation. D’autant qu’il faut pas moins de 450 kilos de géranium pour réaliser un litre d’essence.
Il faut dire aussi qu’avoir le dos courbé pendant des heures sur les hauts de l’Ouest n’est pas une sinécure. En plus, le géranium est un gros consommateur d’eau. Alors, pas facile de le maintenir à flot.
Marie-Rose, présidente de la coopérative, ne perd pas espoir, bien que la production d’huile essentielle de géranium a connu une baisse importante. Aujourd’hui, seulement deux tonnes sont exportées vers la métropole contre 130 tonnes il y a trente ans.
Pourtant, " perdre le géranium, c’est perdre un peu de notre âme, un peu de nous ", explique Marie-Rose, installée non loin du Maïdo, devenu fief des producteurs de géranium.
Fort heureusement, grâce à l’obstination de certains producteurs locaux, le parfum du géranium continue d’envoûter le cou des femmes. Tout un travail de longue haleine pour que la gent féminine puisse charmer le sexe opposé.
Et que de travail pour en arriver là. Avant la floraison, les feuilles et les tiges sont cueillies, foulées et cuites dans la cuve, appelée marmite ou chaudron. Le couvercle en forme d’entonnoir est alors vissé sur la cuve d’où sort le tuyau menant les vapeurs au serpentin de cuivre disposé pour la réfrigération dans l’alambic.
C’est cette vapeur qui va véhiculer l’huile contenue dans le géranium. En effet, cette chaleur soudaine provoque l’extraction de l’huile contenue dans les tiges et les feuilles. La vapeur revenue à l’état liquide, il sera alors facile par décantation de séparer l’huile de l’eau.
Utilisée en aromathérapie, où le géranium Rosat est indiqué pour régler les problèmes de nervosité, de stress, ou de peau, le géranium commence à intéresser l’industrie pharmaceutique.
Autre aide bénéfique pour la survie de cette plante et ceux qui en vivent avec passion, c’est le tourisme. Celles et ceux qui viennent jeter un oeil dans la boutique de la coopérative sont sous le charme.