Pour le porte-parole de l’association PRR, la fermeture de la ferme aquacole annoncée ce matin permettra de solutionner en partie le problème requin.
La Société Aquacole des Mascareignes (SAM) a annoncé ce matin la fermeture de la ferme aquacole située au large de Saint-Paul. La structure qui a fait l’objet de nombreuses attaques au moment des attaques de requins interrompt son activité. Raison évoquée par la Direction : un contexte économique trop difficile.
Sur Antenne Réunion radio, plusieurs acteurs du dossier se sont exprimés sur le dossier. Serge Leplège, porte-parole de l’association Prévention Requin Réunion (PRR) et moniteur d’apnée et de plongée sous-marine, s’est lui aussi exprimé sur le sujet. Selon lui, la fermeture de la structure devait arriver car il affirme que la ferme aquacole était "un parc d’attractions pour les requins".
La ferme aquacole a été largement pointée du doigt. Quelle est votre réaction à la suite de la fermeture de cette structure ?
Serge Leplège : Une entreprise qui ferme, ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle. Mais je crois qu’il faut reconnaître qu’il y avait un gros souci avec cette ferme aquacole. Cette entreprise était largement déficitaire depuis environ 15 ans, donc uniquement renflouée avec de l’argent public et qui ne subsistait uniquement grâce à ces financements.
De plus, dans un milieu naturel comme celui là, avec une ferme aquacole, il y a forcément des déséquilibres qui se créent. Déjà au niveau des poissons, il y a des poissons qui se sont échappés. Parmi eux, figuraient des espèces particulièrement résistantes qu’on retrouve dans le port de la Pointe des Galets par exemple. Sur le plan écologique, ce n’est donc pas une réussite de la ferme aquacole. La présence de cette structure a déséquilibré le milieu, notamment par rapport aux requins.
J’ai plongé il y a une bonne quinzaine d’années avec le fondateur de cette ferme aquacole, et il n’y avait pas de requins sous cette ferme à l’époque. Il faut quand même le dire, ils ont installé des filets anti-requins pour empêcher que les poissons se fassent manger par les squales. On connait des plongeurs qui refusaient depuis deux ou trois ans déjà de s’aventurer près de ces cages car elles étaient infestées de requins.
Le motif économique est mis en avant par la Direction de la ferme. Vous vous dites que c’est une fausse excuse ?
Serge Leplège : C’est sûr qu’il y a mise en danger des Réunionnais. Vous ouvrez une ferme aquacole - qui est un méga dispositif de concentration de poissons - près d’une plage, à seulement trois ou quatre kilomètres du site de Boucan Canot. Pour les gens de la mer à La Réunion, ce n’est pas un fait nouveau. On sait que ces cages étaient infestées de requins. Les scientifiques ont même été obligés de mener des pêches de requins pour essayer de diminuer le nombre de requins près de la ferme.
La fermeture de la ferme aquacole, une solution miracle au problème requins ?
Serge Leplège : Non, mais ça va contribuer à réduire un des facteurs numéro 1. La superficie de cette structure est immense, il y a des milliers de poissons. C’est un des facteurs qui a excité les requins et mené à la situation qu’on a connue, à la sédentarisation de ces prédateurs. Il y a avait un "parc d’attractions" pour les requins à 3 km de la plage. Il était nécessaire que cette ferme soit liquidée parce qu’on ne pouvait pas se permettre de continuer ainsi.