Carte blanche aujourd’hui à Thérèse Baillif, présidente d’honneur de l’AMAFAR, association des Maisons de la famille de la Réunion, qui intervient sur la situation globale de la condition des femmes, chez nous, en France.
Juillet 1789/ Mars 2011, plus de deux siècles…..
Quelle longue marche pour nous les femmes, cette autre moitié de l’humanité !!!
Pourtant, dès le départ nous étions déjà là, pas auprès, mais AVEC les hommes, parce que nous étions éprises de Liberté, d’Egalité, de Fraternité, de Justice aussi.
Mais il faut l’avouer même si certaines d’entre nous y ont laissé leurs têtes sous le tranchant de la guillotine, nous avons été vite larguées.
La Révolution n’a pas voulu reconnaître le féminin de citoyen.
Que dire du premier Code Civil de 1804, dit aussi code Napoléon. La Femme est maintenue dans un rôle secondaire, elle n’est toujours pas citoyenne à part entière.
Pire, quand elle est mariée, elle régresse, elle devient mineure sur le plan de ses droits civiques, elle ne peut prendre aucune décision sans l’aval de son seigneur et maître.
A-t-elle-même une âme ?
Certes, de nos jours, la situation des droits reconnus aux femmes a considérablement évolué. Après un long et laborieux cheminement, au cours des dernières décennies, les choses se sont, il est vrai, bousculées, notamment sous la pression de plus en plus forte du mouvement associatif. Le rythme s’est quelquefois accéléré. Une liste impressionnante de mesures a pu laisser croire que les femmes avaient gagné toutes les batailles.
Mais il faut se rendre à l’évidence, les comportements font de la résistance. C’est bien sûr là que le bât blesse.
Les femmes n’ont toujours pas de représentation équitable dans les différentes instances du pouvoir, que ce soit au niveau national que local.
Les femmes ont toujours, dans beaucoup trop de domaines, des salaires inférieurs à ceux des hommes. Dans le milieu professionnel, ce sont elles les plus nombreuses à être la cible du harcèlement. La pauvreté frappe plus de femmes que d’hommes
Et, le pire, les violences de toutes sortes envers les femmes sont devenues un véritable un fléau, un problème majeur de notre société. C’est inacceptable. C’est intolérable. C’est minable.
Nous le disons et le répétons, nous ne voulons pas la place des hommes. Ce que nous souhaitons c’est apporter notre part à la construction d’un monde meilleur.
Gabrielle ROLLAND et Pierre SERIEYX, dans leur livre écrit à deux mains “ Colère à deux”, affirment : “Nous ne pouvons pas continuer à choisir une société spécialisée où les hommes et les femmes choisissent des voies parallèles. La complémentarité de leurs approches, de leurs valeurs, de leurs priorités, de leurs talents, est la clé d’une transformation vitale.”
Et Françoise LHERITIER de s’interroger : “Comment neutraliser les mécanismes de reproduction pour libérer les forces de changement qu’ils parviennent à entraver " ?
Les vieux réflexes archaïques sont tellement durs à faire changer…
Alors cela voudrait-il donc dire qu’il y a une fatalité insurmontable qui bloquerait de façon irréversible, l’accomplissement de l’évolution idéale des mentalités et des mœurs concernant les relations homme-femme ?
Bien sûr que non. Mais, il faut absolument que nous nous décidions à changer nos stratégies. Nous, les femmes, qui désirons par dessus tout, apporter notre pierre à la construction d’un monde différent de celui dans lequel nous vivons, nous devons nous faire confiance, apprendre à être nous-mêmes, et ne pas copier les hommes ..! Ce n’est pas le but du jeu. Nous sommes complémentaires, c’est cela l’atout qu’il faut développer.
Nous devons apprendre à être solidaires, à soutenir les premières qui sortent du lot, et à nous réjouir.
J’ai lu quelque part que l’humanité pouvait être comparée à un grand oiseau avec deux ailes, une masculine, une féminine. Tant que ces deux ailes ne seront pas équilibrées, l’oiseau, notre humanité, ne pourra pas prendre son essor et s’envoler très haut. Il, elle, se contentera de tournoyer sans but jusqu’à sombrer de désespoir.
Alors continuons à nous battre afin que hommes et femmes, heureux-ses, épanoui-e-s puissent efficacement élaborer ensemble et à égalité, une société de progrès harmonieuse et juste.
Thérèse BAILLIF