La ministre en charge de l’Outre-Mer Marie-Luce Penchard a accordé une interview à Antenne Réunion. Souhaitant rassurer les Réunionnais, la ministre assure que tous les moyens nécessaires pour endiguer le feu seront déployés au nom de la solidarité nationale. Interrogée sur l’intervention de l’avion bombardier Dash-8, la ministre estime que celui-ci n’est "pas forcément nécessaire" et s’en remet au diagnostic des spécialistes.
Marie-Luce Penchard, vous suivez ce dossier de plusieurs jours, avez-vous prévu de vous rendre à la Réunion ?
Marie-Luce Penchard : "Je me rendrais à la Réunion dès mercredi matin, je voudrais d’ailleurs m’adresser à tous les Réunionnais, parce que je sais qu’ils sont inquiets, je voudrais leur dire que tous les moyens de l’Etat seront mobilisés au nom de la solidarité nationale. Je voudrais d’ailleurs saluer le courage des hommes qui sont engagés pour tenter de mettre un terme à ce feu et je sais le combat qui est le leur. Je voudrais d’ailleurs saluer l’action du préfet de la Réunion parce que sur le terrain c’est très difficile, mais les décisions ont été prises rapidement.
L’Etat a mis des moyens considérables. Nous en sommes à 900 hommes qui sont mobilisés dans le combat contre le feu et avec le contingent qui arrive demain, ce seront près de 1000 hommes qui sont aujourd’hui aux côtés des Réunionnais pour faire en sorte que ce feu soit maitrisé. Je ne voudrais pas relancer une polémique, mais simplement dire que le choix qui a été fait d’essayer d’éteindre le feu au moyen des hommes qui sont mobilisés sur le terrain et d’utiliser les hélicoptères est lié à la configuration de l’île, qui est une île volcanique et nous savons aujourd’hui que nous avons un feu souterrain qui se propage par les ravines créées lors des éruptions du volcan. A partir de là effectivement, il faut pouvoir mettre des moyens adaptés à la configuration géographique."
Trois députés et les maires des communes concernées ont écrit au président de la République pour demander encore plus de moyens et notamment l’intervention du Dash-8. Est-ce qu’il est temps de l’envisager ?
"Il faut utiliser tous les moyens nécessaires pour endiguer ce feu, mais il faut que ces moyens sont adaptés. Je me rends à la Réunion pour faire le point. S’il faut des hélicoptères en plus, nous le ferons. Il ne s’agit pas de lancer des polémiques, il faut rassurer les Réunionnais. Le feu devient une inquiétude pour les Réunionnais."
Mais pourquoi toujours pas de Dash-8 ?
"Monsieur le Préfet a donné les raisons. Je ne suis pas une spécialiste, mais le Dash-8 n’est pas forcément le meilleur moyen de venir à bout de ce feu. C’est un feu souterrain qui s’est propagé au bout de l’île, le Dash-8 n’est pas forcément utile. Les conclusions du rapport sur l’intervention de 2010 ont montré que c’est l’intervention de l’homme sur le terrain en inondant. Je vais me rendre sur les lieux, je vais en discuter avec les spécialistes de la Sécurité Civile, faire confiance aux hommes qui ont l’habitude de gérer ce genre de situation. Ce n’est pas à moi, ni aux élus de décider des moyens à déployer."
Ce soir, 3000 hectares ont parcourus par les flammes. Le coeur national brûle. Est-ce que la Réunion peut perdre son classement au patrimoine mondial de l’Unesco ?
"Je pense qu’il est trop tôt pour le dire. L’essentiel pour moi est de protéger les biens et les personnes. Nous devons d’abord faire en sorte que ce feu ne se propage pas et cause plusieurs mois de dégâts. Après viendra le temps de voir si on peut encore améliorer la prévention et voir au niveau de la réparation ce qui peut être fait. Tout le monde doit être mobilisé, il ne s’agit pas de renvoyer la responsabilité des uns sur les autres. Tous les acteurs locaux et l’Etat doivent s’unir pour apporter une réponse.
Quel message voulez-vous faire passer aux Réunionnais avant votre arrivée ?
"Je voudrais rassurer les Réunionnais, leur assurer que la solidarité nationale va jouer. C’est une réalité qui continue et qui continuera mais il est vrai que le combat est difficile du fait que la Réunion est une île volcanique. Il n’y a pas de raison de penser que ce sont des raisons financières qui ont poussé à faire un choix plutôt qu’un autre, simplement nous essayons d’adapter au mieux. Claude Guéant et moi-même avons toujours été mobilisés dès le départ pour apporter les moyens dont la Réunion a besoin et s’il faut aller plus loin nous irons plus loin et dans l’intérêt de la Réunion et de tous les Réunionnais."