La ministre de l’Outre-mer Marie-Luce Penchard était à la Réunion cette semaine pour le lancement de la TNT mais également pour confirmer la demande de l’inscription de la Réunion au plan national de prévention des feux de forêts. Lors de sa venue, la ministre a installé un comité endogène pour la Réunion et Mayotte. Un rassemblement a marqué la visite de Marie-Luce Penchard : celui d’une trentaine d’élus du centre et de gauche réunis devant la Préfecture pour interpeller la ministre sur le fait que le chômage et le logement sont une priorité et non pas la TNT. C’est un rassemblement inédit selon vous ?
Elie Hoarau :Je pense que c’est un rassemblement porteur d’autres rassemblements pour les échéances à venir. C’était aussi pour montrer à Madame la ministre qu’elle ne peut pas venir à la Réunion en refusant de rencontrer les élus qui sont en contact permanent avec la population et qui connaissent les difficultés rencontrées par la population.
Alors pourquoi ne pas avoir accepté l’invitation de la ministre qui vous a ensuite proposé de la rencontrer ?
Elie Hoarau : C’est un peu un "riz chauffé" comme on dit en créole. Nous n’étions pas venus quémander un rendez-vous mais dire que nous n’étions pas d’accord avec la manière dont se déroulait cette visite. Elle vient à la Réunion alors qu’il y a des problèmes considérables - que ce soit le chômage, l’emploi, l’illettrisme, le logement (...) - sans rencontrer les principaux élus de la Réunion.
Une démarche constructive n’est pas de discuter plutôt que de critiquer ?
Elie Hoarau :Je pense qu’il y a d’abord une question de dignité. Nous sommes non seulement des élus locaux mais aussi des élus de la République. Je crois qu’il est tout à fait normal qu’une ministre venant à la Réunion au moment où l’on est en train de débattre du budget de la Nation vienne à la rencontre des élus. D’une manière générale, il y a au moins un déjeuner républicain où l’on associe les élus afin de débattre des difficultés rencontrées par les Réunionnaises et Réunionnais.
Le 7ème congrès du PCR se tient ce week end. Il y en a déjà eu un il y a 18 mois, est-ce que l’objectif est de ressouder le parti après une défaite cuisante aux élections régionales ?
Elie Hoarau : L’objectif n’est pas un problème de conséquences des résultats aux élections. Nous pensons que depuis la tenue du dernier congrès, la situation a fondamentalement changé. Lors du dernier congrès, nous avions - malgré la crise -, des perspectives de développement. Il y avait les grands projets, les grands travaux, pour plus de 3 milliards d’euros. Cela assurait le plein emploi dans les travaux publics et le bâtiment. C’était des perspectives pour plusieurs années et cela permettait à la Réunion de traverser cette crise difficile. Voilà le contexte de l’année dernière. Aujourd’hui nous considérons qu’après la révision des Accords de Matignon, c’est fini de ces grands travaux. C’est fini de ces trois milliards. Et en plus de cela, il y a la politique d’austérité du Gouvernement dont nous commençons à sentir et à subir les conséquences. Il y a donc un contexte totalement différent.
Et au moment où nous allons aborder des échéances importantes - je pense en particulier à 2012 pour une nouvelle législature pour l’ensemble de la République - et bien, le moment est venu d’appréhender la situation, de montrer que la situation est grave mais surtout de tracer des perspectives pour les années à venir. C’est ça le but essentiel du congrès.
Paul Vergés a déclaré être plus communiste que jamais il y a quelques semaines. C’est finalement la leçon qu’il tire de sa défaite aux régionales aprèss avoir défendu pendant de longs un parti pluriel, à savoir l’Alliance ?
Elie Hoarau : Il n’y a pas d’incompatibilité entre la constitution, le renforcement d’un Parti Communiste Réunionnais et une alliance. L’Alliance est une expression d’un grand rassemblement des Réunionnais. Nous avons toujours prôné le rassemblement et plus que jamais, nous prônons le rassemblement. Nous pensons que l’Alliance est l’une de ces expressions. Il faut tout simplement réunir des hommes et des femmes - même si ils ne partagent pas les mêmes idées, mais s’ils sont d’accord sur l’essentiel, c’est cela qui est important - , il faut travailler ensemble en se respectant mutuellement. Je pense que c’est cela la réussite du rassemblement.
Qui est le patron du PCR aujourd’hui ?
Elie Hoarau : C’est son comité central. C’est l’instance dirigeante du Parti Communiste Réunionnais. Il y a des figures emblématiques et c’est tant mieux mais il ne faut pas oublier que nous sommes un parti qui travaille collectivement et la direction de ce parti, c’est son comité central.
Pour réformer la direction, le comité central ?
Elie Hoarau : Nous pensons qu’il est nécessaire de le faire. Le congrès entérine la venue de jeunes personnes, de nouveaux , à qui nous donnons de nouvelles responsabilités. Nous pensons que c’est la meilleure façon de former des cadres, des cadres politiques. Il ne faut pas confondre les responsabilités politiques et les responsabilités électives. Avant d’être élu, j’étais dans le comité central du Parti Communiste Réunionnais - j’y suis toujours - et les responsabilités électives viennent après.
Il y a des voix dissonantes au sein du PCR. N’est ce pas dommageable que des personnalités féminines comme Huguette Bello ne soit pas suffisamment mises en avant ?
Elie Hoarau : Moi je ne crois pas qu’elle ne soit pas mise en avant par le PCR. Huguette Bello est une militante que je connais depuis plus de trente ans. On a milité ensemble et on continue de militer ensemble, sa contribution au congrès le prouve. Mais elle n’est pas brimée par le PCR, elle apparaît dans la presse à la place qui lui revient.
Quand vous prônez un rassemblement de toute la gauche dans la perspective des prochains scrutins, c’est un aveu de faiblesse du PCR ? Vous ne pouvez plus faire cavalier seul ?
Elie Hoarau : Non, ce n’est pas un aveu de faiblesse. C’est une ligne stratégique. Nous pensons qu’un parti à lui tout seul ne peut pas assumer toutes les responsabilités dans la direction d’un pays comme la Réunion. Il faut qu’il y ait un rassemblement, et le plus large possible. Avec le Parti Socialiste notamment, mais bien sûr, il y aura des blessures à panser. Mais nous avons un programme à bâtir ensemble.
Nous voulons bâtir un vrai rassemblement pour les échéances à venir et l’une des échéances essentielles est celle des élections présidentielles.
Quelle est votre prochaine bataille électorale ?
Elie Hoarau : Toutes les batailles électorales à venir. Toutes. Je n’ai pas de bataille individuelle mais une bataille collective. Les prochaines échéances, ce sont celles des élections cantonales et je serai aux côtés de mes camarades pour conforter la majorité actuelle au conseil général.
Retrouvez l’intégralité de ce face à face avec Elie Hoarau dans la vidéo ci-jointe.
