Madagascar est en très mauvaise posture en ce qui concerne le respect des droits humains. Un rapport du Secrétaire d’Etat américain John Perry accable particulièrement les responsables durant la période transitoire.
La période transitoire dans laquelle fut plongée la Grande île durant près de 5 ans affiche un très sombre tableau en matière de respect des droits humains. Dans un rapport rendu public récemment, le Secrétaire d’Etat américain John Perry dénonce des cas de « vindicte populaire » ainsi que des « abus par les forces de l’ordre, y compris des assassinats arbitraires » durant ces 5 dernières années. Rien qu’en 2013, « des officiers de la loi auraient abattu par balle au moins 260 suspects criminels, par rapport aux 100 cas estimés en 2012 », affirme le document citant divers rapports de la presse.
Si les faits se sont empirés d’année en année, c’est surtout en raison de « l’incapacité du gouvernement de transition, à assurer l’État de droit », assènent les autorités américaines, regrettant que « le régime de fait n’(ait ) pris aucune mesure, pour poursuivre ou punir les responsables qui ont commis des abus ». « L’’impunité demeure un problème », dans le pays, déplore-t-on.
Le rapport repris par Express de Madagascar et News Mada évoque aussi un tout autre problème ayant marqué la période transitoire, celui de la traite de personne. Nombreux sont les malgaches qui, après avoir répondu aux offres d’emplois dans des pays arabes, sont revenus au pays avec des séquelles du fait des agressions et maltraitance dont ils ont été victimes dans l’exercice de leur fonction. Les autorités de la transition ont aussi leur part de responsabilité dans ce dossier chaud lié à la migration économique.
« Malgré la nature généralisée de la corruption et la complicité de responsables gouvernementaux dans les cas de traite des personnes, le Gouvernement de fait n’a ni enquêté, ni poursuivi les responsables qui ont été des auteurs de tels crimes, depuis le dernier rapport. Le gouvernement a aussi manqué d’identifier et de référer les victimes à des services de protection, et n’a pas soutenu les ONG qui offrent de tels services », dénonce le département d’État américain dans ce rapport.
Et la liste est encore longue pour le cas de Madagascar en matière de manquements aux droits humains, pour ne citer que «
les mauvaises conditions carcérales dans les maisons de détention ayant entraîné des décès ». Le rapport déplore également des détentions préventives «
trop longue », «
l’inefficacité de la justice et le manque d’autonomie des hommes de loi dans l’exercice de leur métier », ou encore l’intimidation dont les journalistes font l’objet.
A tout cela s’ajoute encore, «
la corruption et l’impunité de certains responsables, la discrimination et la violence à l’égard des femmes, la traite des personnes impliquant des femmes et des mineurs et le travail des enfants », note le rapport.
Au vu de ce constat délabrant, les autorités américaines en appellent au bon sens et à la ferme volonté du président malgache actuel, Hery Rajaonarimampianina, qui, lors de son discours d’investiture, a cité parmi les priorités de son régime « le respect des Droits de l’homme, l’État de droit et la bonne gouvernance ».
Ce discours d’un « dirigeant élu démocratiquement une opportunité pour mener des actions concrètes en matière de respect des droits de l’homme et la lutte contre la corruption », estime l’auteur du rapport, rappelant que la réintégration de Madagascar au sein du programme commercial African Growth and Opportunity Act dépend en grande partie de la volonté des autorités malgaches à se conformer aux différentes conventions , dont la Charte mondiale sur les droits humains que le pays a signé.