Reporters sans frontières réclame l’abandon total des charges portées par le gouvernement Sambi à l’encontre de deux journalistes comoriens accusés de “ diffusion de fausses nouvelles ”.
Ali Moindjié, directeur de publication du quotidien comorien Albalad, et Hadj Hassanali, directeur de publication du bimensuel La Tribune des Comores, comparaîtront en citation directe le 11 avril prochain au parquet de Moroni à la suite d’une plainte de l’Etat. Les deux journalistes sont accusés d’avoir " publié de fausses nouvelles de nature à porter atteinte à l’ordre public ".
Ces professionnels de l’information se sont attirés les foudres du pouvoir en place pour avoir publié une brève sur " un possible report de la date de passation de pouvoir entre le président nouvellement élu, Ikililou Dhoinine, et le président sortant, Ahmed Abdallah Sambi ". Les éditions incriminées datent du 3 mars et du 20 février 2011 dans lesquelles les deux hommes avaient écrit que " la cérémonie officielle de passation de pouvoir présidentiel prévue le 26 mai pourrait être reportée ".
" L’ingérence des plus hautes autorités de l’Etat dans le travail des médias est révoltante. En poursuivant en justice et en empêchant des journalistes de faire leur travail, le président Sambi porte un coup sérieux à la liberté d’expression aux Comores. Ces mesures n’ont d’autre but que de contrôler le contenu de la presse et de contraindre les journalistes à l’autocensure. Une passation de pouvoir est la conclusion logique d’un processus électoral pour lequel la presse doit jouer son rôle jusqu’au bout. Reporters sans frontières fait part de son effarement et de son incompréhension ", a déclaré hier Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
"J’estime que la volonté du gouvernement de porter plainte contre le journal pour une brève, est un excessif. On n’est pas loin d’un harcèlement de la presse pour la dissuader de s’intéresser aux problèmes réels du pays pour ne jouer que le rôle de simple caisse de résonance", avait fustigé Ali Moindjié à l’issue de leur première comparution au Palais de justice de Moroni le 12 mars 2011.
Les deux journalistes risquent entre un et six mois de prison pour les délits qui leur sont reprochés.