Trois arrêtés de péril imminent en février et six autres signés en juin à Salazie. Le rapport du BRGM sur l’érosion et la mobilité des sols est alarmant. Et suite à ces décisions, 23 familles sont sommées de quitter leur maison, au plus tôt. Des solutions de relogement sont à l’étude.
"La descendu entre 20 à 30 centimètres." Cette fissure, Expédit l’a sous les yeux depuis 60 ans et ne s’en était jamais trop inquiété. Quelques planches pour combler les trous, ou quelques galets pour rehausser un muret effondré.
Aujourd’hui, le vieil homme est sous le choc. La mairie de Salazie a prévenu sa famille, le lieu est trop dangereux, il va falloir déménager. Mais pas question de partir sans compensation :
"Nou va aller avec des bonnes conditions. Mais nou quittera pas nout maison pour aller dans un loyer comme ça. Not maison lé habitable, l’État i di i sa payer, mais quand ça ?" interroge-il.
Pour d’autres habitants, les indemnisations prévues, entre 80 000 et 150 000 euros pour une maison, ne suffisent pas à convaincre d’abandonner un bien transmis de générations de générations.
"Pourquoi maintenant. Pourquoi depuis avant la pas dit à nous que falé pas construire. Nou peu pas partir définitivement, parce que c’est notre endroit, c’est notre maison."
Une hésitation qui peut se comprendre, pourtant le danger est bien là. Avec l’appui de l’Union européenne, de l’État et de la Région, les scientifiques ont observé des risques avérés de glissement de terrain. 7 zones ont été ainsi répertoriées :
"On est de l’ordre de plusieurs centimètres voire dizaines de centimètres. Sur la plupart des glissements de terrain de Salazie on n’exclut pas que sur certains il puisse y avait des glissements de terrain catastrophiques", craint Anthoney Rey, ingénieur géotechnicien et chef de projet risques naturels au BRGM.
Un effondrement de grande ampleur n’est pas imminent mais Stéphane Fouassin, le maire de Salazie a souhaité ne prendre aucun risque. Conscient du sacrifice demandé à ses administrés, il souhaite laisser du temps à la réflexion et proposer les meilleures solutions possibles.
"L’objectif du maire, c’est d’avoir des familles logées en toute sécurité sur le territoire. Il faut que personne ne perde financièrement, c’est toute une vie, parfois plusieurs générations qui ont vécu dans ces maisons et qui y sont attachées."
Un attachement qui aura un prix. 2,3 millions d’euros devront être trouvés pour racheter les 23 maisons. La mairie a commencé à acquérir plusieurs terrains pour reloger les familles, parfois temporairement dans des appartements.