Pierre Henri, 68 ans, est décédé au CHOR ce dimanche 25 juillet, sa fille Marie dénonce des manquements dans la prise en charge de son père. Hospitalisé à la clinique des Tamarins en octobre dernier, puis dans un autre établissement, la Maison des Oliviers, son état de santé n’a cessé depuis de se dégrader. Sa fille fait un signalement à l’ARS d’une carence dans le respect des droits des patients hospitalisés, de la qualité de l’accueil et de l’accompagnement médical.
Marie alerte les autorités sanitaires sur la condition de son père, qui selon elle a subi des manquements au cours de son hospitalisation.
Pierre Henri, est transféré à la Clinique des Tamarins en octobre dernier suite à un AVC.
Au cours de ce séjour à la clinique, de nombreux manques dans l’accompagnement médical, thérapeutique et des dysfonctionnements institutionnels ayant des répercussions sur la santé de son père auraient été observés, rapporte Marie.
Lors d’une visite à ce dernier à la Clinique des Tamarins, sa femme constate une attache d’un poignet à la ridelle du lit. N’ayant pas été informée, celle-ci est sous le choc.
Elle récupère également chaque week-end le linge sale de son compagnon pour le laver.
"Elle attend sur le parking qu’on lui apporte le sac de linge. Le sac est éventré, le linge souillé se répand sur le parking devant toutes autres familles qui attendent elles aussi et qui assistent à cette intimité étalée sur le sol", raconte sa fille.
Il connaît ensuite un second transfert vers la Maison des Oliviers et le transfert est mal vécu.
Dix mois plus tard, sa femme n’a toujours pas été accueillie : "On n’a pas connaissance du livret d’accueil de la structure, ni de la charte des droits et libertés de la personne accueillie, ni du contrat de séjour. Elle n’a pas été reçue par le service administratif, ni par la Direction de l’établissement.
Elle n’a pas non plus été conviée à venir échanger avec le Médecin Coordonnateur ou le cadre de santé au sujet du projet thérapeutique personnalisé de son compagnon, pas même au téléphone".
Il y aurait eu trois appels du docteur en charge du sexagénaire à sa compagne :
Un premier appel pour lui demander son accord pour une pose de Gastrostomie Percutanée Endoscopique (GPE) : "Cette GPE mon père l’arrachera à plusieurs reprises", précise sa fille.
Un second appel pour la vaccination contre la Covid-19, et un dernier appel, pour lui demander de venir récupérer son compagnon "car le docteur et son équipe ne savaient plus quoi faire de et pour mon père".
Atteint d’une démence vasculaire, l’homme a perdu 20 kg en moins d’un an. Il paraît déprimé, pleure, parle de moins en moins. Il bénéficie d’un suivi kiné et orthophonie.
Le sexagénaire ne reconnaît pas son frère, ni ses amis.
"Il demande à ma mère : ramène-moi chez nous à chaque visite éprouvante pour elle", confie Marie.
La GPE est terminée. "Elle n’a pas été remise en place après que mon père l’ait arrachée une nouvelle fois. Il mange peu et s’hydrate peu avec eau gélifiée et perfusion sous cutanée qu’il arrache régulièrement également".
Marie décide alors de faire le point avec le docteur :
"C’est à ce moment-là que j’ai vraiment réalisé que je ne pouvais plus mettre ma confiance dans cette équipe et cette institution.
Au bout du fil, j’ai eu le sentiment que ce monsieur ne connaissait pas vraiment le dossier de mon père.
Il avait l’air dépassé, perdu dans un quotidien, sans vraiment d’analyse de la situation. Lorsque j’ai demandé si mon père avait un projet thérapeutique personnalisé et si maman avait pu en prendre connaissance, il m’a répondu : oh vous savez ici on fait au jour le jour".
Face à la situation, la fille du malade dit aujourd’hui avoir "peur pour la sécurité physique et psychique de son père, pour la qualité de sa fin de vie, pour sa dignité … et pour la santé de ma mère qui vit tout cela".
Elle a envoyé un signalement à l’ARS au début du mois de juillet, dans l’attente d’une meilleure prise en charge de son père et d’une analyse du cas du médecin chargé du dossier de son père.
Contactée, la Maison des Oliviers n’a pas souhaité répondre à notre demande d’interview.
Cependant, la Clinique des Tamarins a accepté de nous répondre. La direction a pris contact avec la famille et assure rester à disposition de l’ARS pour toute enquête.
Pierre Henry a été pris en charge par le service de gériatrie du CHOR et a été placé sous antibiotiques, sous perfusion et sous oxygène. Sa famille avait formulé une demande pour qu’il intègre le service de soins palliatifs. Une demande qui leur a été refusée.
Pierre Henry est décédé ce dimanche au CHOR, les causes de son décès ne sont pas connues. Suite au signalement déposé par sa famille auprès de l’ARS, une enquête est en cours.