Saïd Larifou semblait proche de son retour à la Réunion mais une convocation émanant du bureau du Procureur de la République de Moroni et datée d’hier est venue compromettre le projet de l’avocat Franco-Comorien. Son comité de soutien qui espérait pouvoir le ramener cette semaine devra attendre jusqu’à lundi au moins.
L’avocat Franco-Comorien retenu en Grande-Comore depuis le 6 juin dernier avait bon espoir de rentrer à la Réunion mais c’était sans compter la convocation officielle qui est tombée hier et contraint désormais Saïd Larifou à rester dans l’archipel des Sultans batailleurs.
Dans le fameux document estampillé "Union des Comores", le Procureur de la République du Tribunal de Première Instance de Moroni invite Saïd Larifou à se présenter ce lundi 16 août 2010 à son bureau. Cette procédure qui constitue d’ordinaire une étape normale dans le processus qui suit une arrestation, intrigue cependant les membres du comité de soutien de l’avocat, du fait de son arrivée tardive.
Et pour cause, cela fait plus de deux mois maintenant que Saïd Larifou s’est vu interdire son retour vers l’île de la Réunion et cette convocation intervient au moment précis où l’avocat s’était décidé à rentrer. Il y a quelques jours, alors que ses défenseurs dénonçaient la privation de droits dont fait l’objet le Président du Ridja, (Rassemblement pour l’initiative de développement d’une jeunesse avertie) le Ministre comorien chargé des élections diffusait une note officielle dans laquelle il assurait que tous les représentants politiques- et donc Maître Larifou- pouvaient circuler librement en Grande-Comore.
Suite à ce revirement de situation, l’avocat avait décidé de rejoindre notre île. Mais il devra une nouvelle fois différer son retour pour aller à la rencontre du Procureur de la République comorien. Une délégation composée de membres du comité de soutien de Saïd Larifou et de deux avocats de Paris se rendra à Moroni ce week-end afin de défendre le leader du parti de l’opposition.
Samuel Mouen, Président du Comité des amis de l’Afrique, Issa M’BAE, secrétaire fédéral du parti Ridja et Jacques Petinot, qui représente la Ligue des droits de l’homme s’inquiètent quant à eux de l’évolution de la situation de Saïd Larifou. Par ailleurs, ils pointent du doigt cette convocation qui selon eux ne serait qu’un moyen de plus de retenir l’opposant politique dans l’Archipel. Dans le document officiel, le Procureur n’a en effet pas mentionné le motif pour lequel il souhaite voir l’avocat au Tribunal de Première Instance ce lundi.
Les membres du comité de soutien de Saïd Larifou décolleront demain soir pour la Grande Comore. Malgré ce nouvel imprévu, ils espèrent ramener avec eux l’avocat coupé de sa famille depuis plus de deux mois maintenant.