Dernier avocat à plaider pour la défense, Maître Nicolas Normand a mis en avant ce mardi le statut privilégié de son client Juliano Verbard au sein du groupe sectaire "Coeur douloureux et immaculé de Marie". Selon lui, le gourou s’est laissé piégé. Idolâtré et vu comme un demi-dieu par ses fidèles, Juliano Verbard n’a pas su affirmer son refus face au projet d’enlèvement du jeune Alexandre.
Maître Normand vient d’achever sa plaidoirie pour Juliano Verbard. Déjà condamné pour viols et agressions sexuelles sur mineurs, le gourou encourt une peine de 10 ans de réclusion criminelle pour avoir participé au double-enlèvement et à la séquestration d’Alexandre Thélahire en 2007.
Avant de commenter le rôle de Juliano Verbard dans cette affaire, Maître Normand est revenu sur les temps forts de ce procès, abordant tout à tour le témoignage confus de la tante d’Alexandre, une "femme fragilisée" qui a constitué le premier lien entre le garçon et la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie" et le passage à la barre de l’évêque Monseigneur Gilbert Aubry.
L’avocat du gourou a par ailleurs insisté sur le fait que Juliano Verbard "n’a rien demandé à Guillaume Maillot, que c’est le jeune homme qui a voulu lui présenter un enfant extrêmement pieux".
L’avocat s’est longtemps attardé sur la nécessité pour les seize accusés "d’assumer des responsabilités". Se présentant comme "l’avocat du diable", Maître Normand est revenu sur l’histoire du gourou baptisé Petit Lys d’Amour, et sur le phénomène de "diabolisation" qui s’est fait dès le départ, à travers notamment l’emprise exercée par les représentants de l’ordre de Saint-Charbel sur Juliano Verbard.
Pour Maître Normand, cela ne fait aucun doute : "Juliano Verbard a payé pour tous ces forfaits". A l’époque de l’enlèvement du jeune Alexandre, ses adeptes ne voulaient pas le voir comme l’auteur de crimes sexuels, malgré sa condamnation. Les fidèles totalement embrigadés ont préféré adopter la thèse du complot.
Comme ses confrères, Maître Normand a centré sa plaidoirie sur "l’excès de foi" des seize accusés qui se sont laissés entrainés dans ce qui était à leurs yeux "une quête spirituelle". C’était bien un groupe de prière au début ; la sectarisation s’est faite ensuite. L’avocat de Juliano Verbard va plus loin dans son argumentaire : "Les adeptes se sont soudés autour du gourou et ont fait de Juliano un demi-dieu".
Rappelant une nouvelle fois le statut privilégié de Juliano Verbard au sein du groupe "Coeur douloureux et immaculé de Marie", Maître Nicolas Normand a répété que "cet enlèvement n’était pas dans l’intérêt de Juliano mais qu’il ne pouvait pas s’y opposer car ce refus l’aurait privé de son statut d’élu". Le conseil a achevé son intervention en mettant en avant les responsabilités de chacun des accusés dans cette affaire : "Juliano ne veut pas tomber pour tous les autres, il ne veut pas être sacrifié".