Ce mercredi après-midi à la cour d’assises, les débats se sont articulés autour de la personnalité complexe de Juliano Verbard. A la barre, les psychiatres et psychologues ont livré leurs analyses effectuées après le premier et le deuxième enlèvement d’Alexandre Thélahire. Le gourou est apparu comme un homme doué d’une intelligence supérieure, et qui, bien que fragilisé par les abus sexuels pendant son enfance, dispose d’un grand pouvoir de manipulation.
Plusieurs experts ont rencontré le gourou de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie" suite aux enlèvements d’Alexandre Thélahire en 2007. Ce mercredi, psychiatres et psychologues ont livré les conclusions de leurs rapports et dressé le portrait de Juliano Verbard. Ce-dernier apparait comme un être complexe, en quête de reconnaissance et pouvant être manipulateur.
Entre l’âge de 8 ans et de 14 ans, Juliano Verbard a été maltraité par son frère alcoolique. Les crimes sexuels dont il a été victime le traumatisent encore aujourd’hui. A l’époque, le gourou était enfant de cœur à Savanna Saint-Paul. Laissé à la charge de ses grand-parents, Juliano a baigné depuis tout petit dans la religion. La maison dans laquelle il a grandi est mitoyenne à l’église du quartier. De la première expertise réalisée suite au premier enlèvement, il ressort que la rencontre avec Fabrice Michel - son amant depuis plusieurs années - "l’a réconcilié avec une vie sentimentale en lui donnant une réelle affection".
En 2003, Juliano Verbard entend parler de la Vierge de l’Eucharistie. Il souhaite alors faire l’acquisition d’une statuette la représentant. Le jeune homme part en Italie où il séjournera deux semaines durant.
A son retour il fonde un groupe de prière et rencontre des membres de l’ordre de Saint-Charbel. Juliano Verbard commence à avoir des visions à cette période. Une association dédiée à la prière est créée. Les époux Michel prennent les choses en main. Quelques mois plus tard tombent les accusations de viol, le procès et la condamnation du gourou. Jugé par contumace pour viol et agression sexuelle sur mineurs de moins de quinze ans - des enfants dont les parents sont membres de la secte-, Juliano Verbard écope d’une peine de 18 ans de réclusion criminelle.
Les experts qui se succèdent à la barre ce jour décrivent Juliano Verbard comme "un homme intelligent qui a fait des études et comprend les dangers de l’extérieur". Son enfance a été " dominée par le rapport à la religiosité, une éducation traditionnelle, et la confusion entre hindouisme et catholicisme". Juliano Verbard mêlerait aussi processions chamaniques et sorcellerie.
Les experts pointent également "l’investissement religieux de Juliano Verbard, son sentiment d’avoir un devoir à accomplir ". Ainsi que l’indique le psychiatre, "plusieurs éléments positifs laissaient présager une intégration sociale dans les règles" de Juliano Verbard. Mais en parallèle, les experts mettent également au jour des éléments d’adversité : "la maltraitance physique" dont a été victime le jeune Juliano, son "insécurité émotive", "l’identification à ses agresseurs" ajoutés aux nombreux traumatismes subis ont influé sur la psychologie du gourou.
L’expertise réalisée suite au deuxième enlèvement du jeune Alexandre Thélahire fait quant à elle référence à l’impulsivité de Juliano Verbard et de sa tendance à la domination. Le thème de la "collision entre un monde profane et un monde sacré" est aussi abordé.
Suite à l’échec de sa quête, Juliano Verbard a vu sa vocation contrariée. Rejeté par l’église, il trouve du réconfort auprès d’un groupe qui croit à sa voyance. « Il passe de l’enfant qui cherche un père au chef, ce qui lui procure un sentiment de bonheur très fort" et satisfait son besoin de reconnaissance.
Selon les experts, Juliano Verbard a mis en place "tout un système de valorisation narcissique afin de réparer beaucoup de souffrances passées". Il n’a pas de troubles psychiques et sa responsabilité pénale est entière selon les rapports d’expertise.