Le procès du père Jacky Hoarau, accusé de viols sur un enfant de choeur de 14 ans, se poursuit ce vendredi à la cour d’assises. Ce deuxième jour d’audience sera consacré aux plaidoiries, le verdict devrait tomber au cours de la journée.
Deuxième jour de procès pour l’ancien prêtre Jacky Hoarau et sa victime présumée. Jugé aux assises pour "viols sur un mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité", l’ancien homme d’église encourt jusquà 20 ans de réclusion criminelle.
Les faits examinés par les jurés remontent à 2008 et 2009. A l’époque, le père Jacky Hoarau est le curé très apprécié des fidèles de la paroisse de Sainte-Marie où il officie depuis 2010. Mais les résultats scolaires d’un de ces enfants de choeur s’écroulent. Sa mère inquiète le questionne et l’adolescent de 14 ans lui confie alors qu’il est victime d’attouchements, d’agressions sexuelles et de viols par le père Jacky Hoarau. Devant la gravité des accusations, la mère alerte la justice, le parquet ouvre une enquête et l’évêché est également informé de l’affaire. Le père est interrogé et reconnaît avoir entretenu des relations d’ordre sexuel ’essentiellement des fellations" avec l’enfant, mais nie les viols. Il est mis en examen pour "viols sur mineur de moins de 15 ans" et incarcéré.
Remis en liberté sous contrôle judiciaire depuis l’éclatement de l’affaire, le père Jacky Hoarau comparait depuis hier devant la cour d’assises. A huis clos en première partie de journée, le procès s’est tenu en présence des journalistes et du public l’après-midi.
La position de l’église :
La place de l’église dans son dossier a été au coeur de cette première journée. Le syndicat ecclésiastique des prêtres de la Réunion a voulu se porter partie civile, estimant que l’image de l’église avait été écornée dans cette affaire. Mais la cour a jugé irrecevable cette demande. L’église, via son avocat Maître Jean-Jacques Morel, a décidé de contre-attaquer en déposant deux recours (cf linfo.re : Assises : l’église veut faire entendre sa voix).
La décision de la cour a en revanche satisfait le bâtonnier Georges André Hoarau qui estime que "l’hypocrisie de l’église doit être démasquée".
Lors de cette première journée, Monseigneur Gilbert Aubry a été entendu comme témoin. Interrogé sur l’homosexualité et la séropositivité de l’accusé, il a expliqué avoir été informé des difficultés rencontrées par le prêtre par rapport à "ses engagements d’homme d’église". En 1990, le père Jacky Hoarau est envoyé en "thérapie" selon les mots de l’évêché au Canada.
"En 1990 , Jacky Hoarau n’était pas pédophile"
Pour le bâtonnier Georges André Hoarau, avocat de l’ancien prêtre, l’homosexualité du prêtre "qui entretenait avec 1990 des relations avec des hommes adultes", a été stigmatisé et considéré comme "une maladie" par l’église, qui a pris la décision de l’envoyer suivre une thérapie. Mais pour le bâtonnier, "en 1990, mon client (ndlr Jacky Hoarau) n’était pas pédophile".
"Il ne montre aucune émotion"
Dans le box des accusés, Jacky Hoarau ne s’est pas adressé une seule fois à sa victime, qui pourtant attend de cette nouvelle épreuve des réponses et des clés de compréhension du calvaire qu’il a enduré. Pour l’avocat de la victime, Maître Olivier Chopin, l’ancien prêtre "est égocentré et ne pense finalement que très peu à la victime". Un manque apparent de sentiments et d’émotions que l’avocat met sur le compte d’une "perversité". "C’est lié à la perversion, il considère le jeune comme un objet sexuel".
Le procès va se poursuivre aujourd’hui avec les plaidoiries des avocats, les réquisitions de l’avocat général et le verdict qui devrait tomber dans la journée.