Acte II de l’affaire Juliano Verbard ce matin au tribunal correctionnel. Après que dix des fidèles de Juliano Verbard, dont Petit Lys d’amour en personne, aient été reconnus coupables vendredi dernier d’avoir commis des violences volontaires sur un mineur de moins de 15 ans, certains reviennent devant le juge Morgan pour cette fois-ci recel de malfaiteur.
Seize au total sont présents à l’audience. Huit dans le box des accusés dont l’amant du gourou Fabrice Michel, mais aussi Alexin Michel, son père, Rodolphe Cadet, Marie Cadet, Jean-Charles Daleton Marie Michel épouse d’Alexin, Patrice Daleton et enfin John Daleton. Huit autres sont à la barre donc libres, Joseph Cadet, Sandrine Hoarau, Corinne Michel, Augusta Fontaine, Yoland Hoarau, Anne-Lise Daleton, François Ferrere et Sonia Flore.
Sous l’œil vigilant d’une trentaine de policiers dont le GIPN débute le « deuxième épisode correctionnel de la saga Cœur douloureux et Immaculé de Marie », embraye le juge Morgan après avoir appelé un à un tous les prévenus.
Toute cette affaire de recel de malfaiteur commence en octobre 2006. Alors que Juliano Verbard est condamné le 25 octobre 2006 pour viol sur mineurs, la cour d’assises doit faire sans lui. Juliano Verbard se cache. Ou plutôt ses adeptes le cachent. Et ce jusqu’en août 2007. Il sera arrêté au Tampon et dix autres complices au total puis mis en examen pour enlèvement le 5 août 2007.
Parmi les complices du gourou, Joseph Cadet, 62 ans. Il a fourni un logement à Trois-Bassins à Juliano Verbard, l’a hébergé à son domicile. « Je savais plus ou moins que Juliano Verbard était recherché. J’ai entendu ça à la télévision », déclare ce retraité de la Sécurité sociale. Son récit ne tient pas vraiment la route.
Idem pour Marie Cadet, 55 ans, sa femme, qui a loué une maison au Tévelave en mars 2007 dans le but de cacher Petit Lys d’amour. « C’était pour échapper au harcèlement de ma belle-famille, voilà la vraie raison pour avoir loué cette maison », explique Marie Cadet. « C’est Juliano Verbard qui m’avait demandé de louer cette maison », appuie Joseph Cadet. « Pourquoi votre mari vient entourer cette maison avec des canisses si c’est simplement pour échapper à votre belle-famille ? », demande Danielle Braud, vice-procureure. Les époux ont du mal à accorder leurs violons !
Quant au fils, Rodolphe Cadet, 28 ans, il confirme « rien du tout, j’ai inventé n’importe quoi dans mes déclarations, le trou était fait pour cacher les provisions car j’étais persuadé que la fin du monde allait arriver », avoue-t-il dans le box des accusés. « Un endroit que même Saddam Hussein n’aurait pas voulu », ironise le juge Morgan.
Rodolphe Cadet est également fermement convaincu que Juliano Verbard est « innocent de tout ce qu’on lui reproche ». En ce qui concerne, Sandrine Hoarau, 31 ans, future ex-professeur, « je l’ai aidé, c’était comme mon frère. Son innocence était claire pour moi ». Corinne Michel, 22 ans, se lève à son tour. Elle aussi se persuade de l’innocence du gourou. Avec conviction, elle déclare qu’ « on n’a jamais laissé Juliano Verbard se défendre ».
La prévenue, qui habitait au Maïdo, l’une des cinq planques de Juliano Verbard, est soupçonnée d’avoir cherché des maisons pour y cacher le gourou, mais aussi de l’argent, des courses pour celles et ceux qui étaient chargés de protéger Petit Lys d’amour… « Vous étiez à fond dans l’association », soulève le juge Morgan. « Pourquoi est-ce que vous ne prennez pas un peu de recul avec tout ça ? », demande Danielle Braud.
C’est le tour de Fabrice Michel, 25 ans, amant de Juliano Verbard. « Je ne parlerai pas », affirme-t-il. Marie Michel, 50 ans, sa mère, n’a rien à dire non plus. Tous les deux se murent dans le silence. Pour Alexin Michel, 52 ans, son mari, idem. « Tout est dans le dossier », dit-il simplement.
Augusta Fontaine, 65 ans, se serait contentée quant à elle de louer trois voitures pour les frères Daleton, pour que le gourou puisse circuler tranquillement. C’est d’ailleurs Anne-Lise Daleton, 23 ans, femme de Jean-Charles Daleton, qui était régulièrement au volant. « Je l’ai fait par cbarité », poursuit la gramoune, persuadée elle aussi de l’innocence de Juliano Verbard. « Décidément », lance le juge Morgan.
John Daleton, 34 ans, aurait servi de chauffeur à Juliano Verbard. « Je faisais le cbauffeur, je faisais les courses, je savais qu’il était recherché, je sais qu’il n’a pas fait ce qu’on lui reproche », assène-t-il dans le box des accusés.
Quant à Yoland Hoarau, 50 ans, tout comme ses camarades de prières, il ne se pose pas de question. Quand on lui demande d’ouvrir un compteur d’eau à son nom, il n’y voit aucun inconvénient, « du moment que je ne payais pas », affirme-t-il. Même chose pour la voiture d’occasion louée. Jean-François Ferrere, 44 ans, l’aurait aidé à payer la voiture. « Il me l’a demandé, alors je l’ai fait, il m’avait déjà rendu des services », dit-il. Ce dernier avoue avoir côtoyé la communauté mais rien de plus.
Quoi qu’il en soit, tous semblent au complet ou bien ne plus savoir ce qu’ils ont fait, ou bien ne reconnaissent pas la culpabilité de Juliano Verbard.