La commission des finances de l’Assemblée nationale a décidé mercredi de venir en aide aux compagnies pétrolières victimes de la baisse des coûts du pétrole en Outre-mer. En clair le Gouvernement prélève 44 millions d’euros sur le budget initial de l’Outre-mer pour les reversera aux compagnies pétrolières. Il y a à peine quelques mois, Yves Jégo dénonçait pourtant des profits abusifs chez les pétroliers…
En cette période de crise, le Gouvernement a décidé de venir en aide aux compagnies pétrolières. Elle va détourner une partie du budget alloué à l’Outre-mer pour renflouer les caisses des sociétés d’exploitation pétrolière de l’Outre mer. Y compris celles de l’exploitant des Antilles (la SARA).
À la Réunion, la classe politique n’est pas encore montée au créneau., seul Gilbert Annette (PS) a dénoncé cette décision gouvernementale.
En Guadeloupe, le Président du Conseil Général, Victorien Lurel est choqué. Il parle faute morale. Il ne comprend pas pourquoi, le contribuable ultramarin doit mettre la main à la poche pour sauver les compagnies pétrolières.
Les compagnies pétrolières s’apprêtent à sortir indemnes de cette crise. De plus, cette somme de 44 millions pourrait bien s’alourdir davantage puisqu’il ne s’agit pour l’instant que de la compensation d’une partie de la diminution des profits de compagnies comme Total.
Le montant pourrait donc augmenter en même temps que le cours du pétrole sur le marché mondial. L’argent étant directement prélevé sur le budget destiné à l’Outre-mer et son programme "Conditions de vie Outre-mer."
Victorin Lurel (PS), Président du Conseil régional de Guadeloupe monte au créneau :
« Nous sommes au début d’un mécanisme infernal »
« Je suis assez choqué par ce décret. L’Etat compense les pertes apparentes de Total aux Antilles, Total qui a dégagé un profit de 14 milliards d’euros l’an dernier. Il s’agit d’une faute morale, mais, pire encore, ce n’est en fait qu’une première avance puisqu’à mesure que le Brent augmente à l’international, l’écart par rapport à la norme fixée implicitement par l’Etat, c’est-à-dire la marge de la Sara, va s’agrandir. Les sommes à compenser à la Sara vont donc grossir. C’est aussi le cas pour la SRPP de La Réunion.
Nous sommes au début d’un mécanisme infernal. De plus, ces sommes vont être prises sur les crédits « conditions de vie » du budget de l’Outre-mer. Par ailleurs, je suis étonné de constater que les avances faites par la Région et le Département, 3 millions d’euros chacun, même chose en Guyane et à la Réunion, ne nous ont pas été remboursées par l’Etat.
C’est un peu paradoxal de voir l’Etat verser cette somme alors que l’Autorité de la concurrence vient elle-même de déplorer que les taxes sur les carburants sont trop faibles dans les Dom par rapport à la métropole...
Contrairement à ce que soutenait l’ancien secrétaire d’Etat, Yves Jégo, les taxes portant sur le prix du carburant sont plus faibles dans les Dom qu’en métropole. Cela signifie que ce ne sont pas les collectivités qui grugent les consommateurs. C’est le prix lui-même à la sortie de la raffinerie qui est trop élevé. Cela veut dire que l’Etat refuse de voir baisser les marges fixées unilatéralement par la Sara. Il accepte implicitement une norme de rentabilité de 12%.
Qu’il n’y ait pas de compensation. C’est d’ailleurs l’engagement implicite de l’Etat, après les rapports de l’Inspection générale des finances et de la Haute autorité de la concurrence qui ont mis au grand jour qu’il y a profitatyon, une marge excessive et que les consommateurs sont grugés depuis de longues années. Pour nous, c’est acquis : il fallait être raisonnable et baisser les marges. L’Etat renonce à cet engagement moral ».
Extrait d’interview : Frances Antilles.fr