Ce jeudi après-midi, la Cour de compte doit rendre public un bilan de la sécurité en France de 2002 à 2010. L’organisation et la gestion des forces de sécurité sont fortement pointées du doigt. Le ministère de l’Intérieur se défend et dénonce des "erreurs d’analyse, des inexactitudes, mais aussi des oublis ".
Pour la première fois, la Cour des comptes fait le rapport de la sécurité publique dans une cinquantaine de villes de France, réparties dans les départements d’Ile-de-France, de Rhône-Alpes, de Languedoc-Roussillon ou de Provence-Alpes Côte d’azur (Paca).
Le document, de 250 pages, qui a pour titre "L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique", n’est pas tendre envers le gouvernement. Il dresse l’état des lieux des forces de sécurité avec un regard très critique sur les réformes engagées depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur en 2002. Plusieurs problématiques de sécurité ont été soulevées. L’évolution de la délinquance et les moyens de lutte déployés ont été passés au crible.
Dans leur enquête, les rapporteurs fustigent un bilan " contrasté " des forces de l’ordre avec un "recul des atteintes aux biens" mais une "hausse" des violences faites aux personnes. Concrètement, les résultats en matière sécuritaire entre 2002 et 2010 laissent à désirer alors que l’Etat a engagé à la police et à la gendarmerie "des moyens croissants budgétaires, technologiques et humains", a-t-on indiqué. De ce fait, la Cour des comptes insiste sur "l’exigence d’une plus grande efficacité de la lutte contre la délinquance".
Dans le détail, le Rapport attaque en profondeur l’organisation interne des effectifs. D’après l’enquête, "en 2009, la reprise à la hausse de la délinquance a été évitée en grande partie par le refus des services d’enregistrer des plaintes" des victimes.
Les rapporteurs s’en prennent aussi à la mesure phare du ministère de l’intérieur qui a conféré un "rôle grandissant aux polices municipales". De 2002 à 2010, une hausse de +35 % a été constatée, soit un nombre nettement supérieur à celui des forces de l’Etat. En outre, la multiplication des dispositifs de vidéosurveillance a également été critiquée. La Cour des comptes pointe le "développement rapide mais coûteux" de ces matériels.
Dans une lettre, dont certains médias ont obtenu une copie, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a vivement réagi aux critiques formulées. Il dénonce "un nombre important d’inexactitudes, d’erreurs d’analyse, d’oublis et d’appréciations manquant parfois d’objectivité", ainsi que des "formulations abruptes" et des "sous-entendus contestables". Le ministre "s’étonne et (...) conteste l’appréciation portée, dès les premières lignes du rapport, sur le caractère soi-disant ’contrasté’ des résultats obtenus dans la lutte contre la délinquance depuis 2002".