Mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans l’affaire du Crédit Lyonnais, Bernard Tapie a fustigé hier la justice et le gouvernement qu’il soupçonne d’être de mèche dans la saisie de ces biens.
Vive réaction de Bernard Tapie mercredi soir quelques heures après la
saisie de ses biens par la justice. «
Je ne savais pas que je vivais dans un pays où on peut exécuter des gens avant d’avoir été condamnés », a-t-il dit, s’attaquant personnellement à certains membres du gouvernement dont le ministre de l’économie Pierre Moscovici.
"En réalité, la mise en examen pour escroquerie en bande organisée a été faite uniquement pour pouvoir procéder à ce qu’ils font aujourd’hui, c’est-à-dire la saisie de mes biens. On voit bien qu’ils se sont réunis, les juges, le parquet : ’Alors qu’est-ce qu’on fait pour lui piquer ses biens ?’", a-t-il asséné lors d’une intervention sur sur i-Télé et Europe1.
D’après ses dires, le ministre de l’Economie a joué un rôle clé dans cette décision de justice. "Moscovici a dit : j’ai suggéré aux juges qu’on saisisse ses biens", a assuré l’homme d’affaires avant de rajouter "On saisit d’avance pour plus que ce que j’ai touché !".
Réagissant à ce propos, le ministre a affirmé qu’"aucune forme d’instruction, aucune forme de pression et donc a fortiori aucune forme de manipulation" de la part du gouvernement ne pourraient être invoquéesdans cette affaire.
Quoiqu’il en soit, Bernard Tapie s’interroge s’il n’est pas victime d’un complot orchestré par "les socialistes".
« L’affaire a débuté par Cahuzac, Migaud (ex-président de la commission des finances, en charge d’une enquête parlementaire sur l’affaire, NDLR), Nadal (ex-procureur général près la Cour de cassation), Ayrault… Tous socialistes ! », a-t-il noté selon des propos recueillis par Le Figaro.
Tout en excluant le Chef de l’Etat, l’homme d’affaires a fustigé qu’« ils s’en prennent à quelqu’un qui les gêne ».
Visiblement très remonté, Bernard Tapie affirme cependant qu’il «
tient le coup » et qu’il compte bien contester cette décision de la justice, notamment celle se référant à sa
mise en examen.
« Toutes les dépositions vont être connues de tout le monde dans quelques jours », a déclaré celui qui souhaite porter l’affaire au niveau de la chambre de l’instruction de la cour d’appel et que son cas soit traité en audience publique.
Après les deux contre-attaques télévisées auxquelles s’est prêté l’homme d’affaires, les medias nationaux se sont empressés de confronter ses affirmations à ce que la justice a véritablement ordonné.
Ainsi lorsqu’il a affirmé que « tous » ses « biens ont été saisis », Europe1 rappelle que seuls « son hôtel particulier de la rue des Saint-Pères à Paris et sa villa de Saint-Tropez, acheté pour 48 millions d’euros en 2011 » ont fait l’objet de saisie. Et encore, que l’intéressé a toujours le droit d’y vivre.
Concernant ses avoirs financiers, « trois assurances-vie, dont deux sont en France et une au Luxembourg, pour un montant total de 200 millions d’euros » ont été gelées.
Et quand il dit qu’il ne peut même plus « payer un chèque de dix euros », le journal rétorque encore en avançant que « les juges n’ont demandé la saisie par commission rogatoire internationale que des six comptes de Bernard Tapie situés à Monaco » et que « l’homme d’affaires possède par ailleurs une dizaine d’autres comptes, la plupart domiciliés en France et qu’il peut encore utiliser à sa guise ».