Accusée d’avoir menti dans le sillage de l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy, et visée par des appels à démission, la ministre de la Justice Christiane Taubira a reconnu qu’elle s’est « trompée de dates ».
La ministre de la Justice Christiane Taubira se retrouve au cœur d’une vive polémique depuis qu’elle a affirmé qu’elle n’était pas au courant de la
mise sur écoute de Nicolas Sarkozy, et qu’elle n’a appris cette nouvelle que par la presse.
Accusée d’avoir menti, la Garde des Sceaux a été la cible numéro un des appels à démission, lancés par les chefs de file de l’opposition, à l’instar du président de l’UMP, Jean-François Copé. Jeudi 13 mars au cours d’une intervention télévisée, Christiane Taubira s’est défendue d’avoir proféré des mensonges, mais selon ses dires, elle s’est juste « trompée de dates ».
« Je ne mens pas », insiste-t-elle, précisant que dans de très rares fois, cela peut lui « arriver d’être imprécise ». « Quel intérêt y a-t-il à ce que je me sois trompée de dates ? », s’interroge-t-elle. D’après son opinion, « c’est l’UMP qui organise cette polémique ».
Ce scandale, qui a pris l’allure d’un véritable séisme politico-judiciaire, a éclaté suite à une révélation du journal Le Monde selon laquelle Nicolas Sarkozy avait été placé sur écoute les 3 et 19 septembre 2013 conformément à une ordonnance des juges en charge de l’enquête portant sur le supposé financement libyen de la campagne de l’ancien président de la République.
Appelée à s’expliquer, ce lundi 10 mars, Christiane Taubira a déclaré aux médias nationaux qu’elle ignorait l’existence de ces controversés écoutes téléphoniques. Elle a assuré avoir pris connaissance de ce dossier en lisant les informations publiées le 7 mars par Le Monde.
Le lendemain, soit mardi 11 mars, la ministre de la Justice a été contredite par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui a ouvertement admis qu’ils ont tous les deux été informés de ces écoutes, et ce, depuis le 26 février, date à laquelle le procureur de la République a ouvert une information judiciaire pour « trafic d’influence » visant Nicolas Sarkozy, une procédure engagée après ce fameux placement sur écoute.
Suite à ces versions contradictoires émises par les deux membres de l’exécutif, la droite a demandé, mercredi, la démission de la principale concernée, au motif qu’elle « a menti » aux Français.
« Lundi soir, madame Taubira dit à la télévision, à l’ensemble des Français, qu’elle n’était pas informée que des écoutes ont eu lieu. Le lendemain, monsieur Ayrault la désavoue en confirmant que la garde des Sceaux était au courant et que lui-même était au courant. C’est donc que la garde des Sceaux a menti. Dans ce contexte, il n’est pas possible qu’elle reste en fonction », lance Jean-François Copé, estimant que « sa démission face à ce mensonge est inéluctable ».
En réaction à cet appel à démission, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a pris la défense de sa ministre, en rétorquant dès mercredi même que Christiane Taubira a toute « sa place au sein du gouvernement ». « Ce qui n’a pas sa place, c’est la rumeur, c’est la désinformation, c’est le dénigrement, en particulier le dénigrement de la justice qui travaille en toute indépendance dans notre pays, que cela gêne ou ne gêne pas. Il n’y a pas de problème, il faut que la justice passe et elle passera », soutient le chef du gouvernement.
A l’issue du Conseil des ministres, la Garde des Sceaux a déclaré clairement devant la presse nationale : « Non, je n’ai pas menti » et « non, je ne démissionnerai pas ».