La presse nationale parle d’un " incident le plus important de la législature ". Hier à 15 heures 35 précises, le ministre de l’Economie François Baroin a provoqué une interruption momentanée des discussions à l’Assemblée nationale pour avoir assuré que les socialistes avaient pris le pouvoir "par effraction" en 1997. Fous de rage, les députés de gauche ont quitté la salle alors que se déroulait, dans la tension, la première séance des questions au gouvernement après l’annonce du plan de rigueur par le Premier ministre François Fillon.
Un clash inédit hier à l’Assemblée nationale. François Baroin qui défendait le plan d’économies du gouvernement s’en est pris aux députés socialistes. Le ministre chiraquien s’est ouvertement attaqué aux " vieilles lunes socialistes " qui, disait-il textuellement, " vous certes ont conduits à prendre le pouvoir en 1997 par effraction ". Ses propos font allusion à la victoire de la gauche plurielle lors des législatives de 1997, après que Jacques Chirac, alors président de la République, avait décidé de dissoudre l’Assemblée nationale et s’est vu lui échapper la majorité parlementaire. Ce qui a conduit à une cohabitation de cinq ans avec Lionel Jospin.
La colère des députés de gauche a très vite grondé dans l’hémicycle, mais François Baroin a renchéri : "Oui par effraction !". A l’unisson, les élus de l’opposition se sont levés de leurs sièges pour manifester haut et fort leur mécontentement, mais le ministre de l’Economie a insisté : "cela ne règlera pas l’affaire du projet socialiste si vous quittez la salle". Dans le tumulte, François Baroin a même été la cible d’une boule de papier, qu’il a attrapée sans difficulté.
C’est alors que le président de l’Assemblée Bernard Accoyer a décidé d’intervenir. Il s’est entretenu brièvement avec le président des députés PS, Jean-Marc Ayrault, sans parvenir à calmer les esprits, d’où la décision de lever à l’avance la séance. Pour le PS, le ministre de l’Economie a proféré "une forme d’insulte aux citoyens français". "François Baroin est peut-être fatigué, soumis à des pressions je peux le comprendre, mais là il est allé trop loin", a déploré Jean-Marc Ayrault avant de quitter l’hémicycle.