Pierre Moscovici, Manuel Valls, et Christiane Taubira ont été entendus tour à tour par la commission parlementaire chargée d’enquêter sur l’affaire Cahuzac. L’audition de la Garde des Sceaux était tendue.
Pierre Moscovici, Manuel Valls, et Christiane Taubira, respectivement ministre de l’Economie et des Finances, ministre de l’Intérieur et ministre de la Justice se sont expliqués mardi 16 juillet sur d’éventuels dysfonctionnements dans la gestion de l’affaire Cahuzac. Devant la commission parlementaire, ils ont, chacun à leur tour, livré leur version des faits dans une série d’auditions qui s’est tenue à 11 heures, 17 heures et 18 heures, heure de Paris.
C’est Christiane Taubira qui a été la première à être entendue par les parlementaires. Au cours de son audition, elle a assuré qu’elle n’était au courant de rien avant que Jérôme Cahuzac ne passe aux aveux. « Que ça vous étonne ou que ça vous déplaise, je n’ai jamais parlé de cette affaire ni avec monsieur Valls, ni avec monsieur Moscovici, ni avec monsieur Cahuzac », déclare La Garde des Sceaux dans des propos rapportés par Le Parisien.
La ministre de la Justice a aussi précisé qu’elle n’avait aucun doute sur la sincérité de son ancien collègue du Budget, qui a nié urbi et orbi posséder un compte à l’étranger, malgré les accusations portées à son encontre. « Ce n’était pas ma préoccupation, je n’ai pas fait d’analyses philosophiques sur ses dénégations. A aucun moment je ne me pose la question », répond Christiane Taubira face aux questions des parlementaires. D’après elle, la "justice avait bien fait son travail".
Appelé à son tour à s’expliquer, Manuel Valls a confié qu’il ne disposait d’aucun élément permettant d’établir les agissements de Jérôme Cahuzac. « En aucun cas je n’ai demandé à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, ndlr) d’enquêter sur Jérôme Cahuzac et je n’avais pas à le faire », affirme-t-il aux députés, avant d’ajouter : « Le 8 janvier, une enquête préliminaire a été ouverte. Et en tant que ministre de l’Intérieur, je ne pouvais m’immiscer dans une procédure judiciaire ».
Même avec le président de la République ou le Premier ministre, Manuel Valls a argué qu’il a toujours « dit que je ne disposais d’aucun élément ». Et lui d’insister qu’il n’y a « jamais eu d’enquête parallèle menée par mes services ». Le ministre a indiqué qu’il n’était « jamais destinataire de pièces procédurales » liées à ce scandale politico-fiscal. Selon lui, « ça aurait été une faute majeure » de demander à la DCRI d’enquêter sur les révélations de Mediapart. « Je m’honore d’appartenir à un gouvernement qui, sous l’autorité du Premier ministre et du président de la République a eu cette attitude », souligne-t-il.
Troisième ministre à être auditionné par la commission parlementaire, Pierre Moscovici devait faire face à plusieurs députés, qui ont toujours critiqué son action dans l’affaire Cahuzac. Pour sa défense, le ministre de l’Economie et des Finances a soutenu que « l’administration fiscale a été exemplaire » dans la gestion de cette affaire et qu’il n’y a « pas eu de dysfonctionnement ».
« Je n’hésite pas à redire ici que cette administration a agi sous ma responsabilité avec probité, efficacité ; bref, de façon exemplaire », insiste-t-il. A en croire ses explications, l’administration n’a découvert aucune preuve susceptible de mettre en lumière cette évasion fiscale, pour la raison suivante : « c’est à la fois parce que le mensonge fut d’une exceptionnelle ampleur et parce que l’information dont nous sommes partis pour étayer notre demande était non pas inexacte, mais incomplète ». « J’avais confiance en Jérôme Cahuzac mais mon devoir de ministre était le doute », conclut le ministre, précisant qu’il n’a eu « aucune volonté de sauver un éventuel soldat Cahuzac ».