Il s’agit du premier grand discours de François Hollande sur l’immigration deux ans et demi après son élection.
Alors que les historiens et les associations dénoncent le repli identitaire, le chef de l’état sort ce lundi son premier grand discours sur l’immigration, deux ans et demi après son élection. Dans la foulée, François Hollande inaugurera le Musée de l’histoire de l’immigration, un lieu qui n’a jamais été inauguré de manière officielle depuis qu’il a été ouvert en 2007. "En parlant de l’immigration, on parle de notre pays", explique-t-on dans l’entourage de François Hollande, rapporté par Libération en précisant que la France est une terre d’immigration "continue, liée au travail et à l’Histoire".
De leur côté, les associations considèrent que la décision du patron de l’Elysée est un peu tardive. "On attendait un grand discours à la nation au lendemain de l’élection, un peu comme Obama l’avait fait, sur la fierté d’être français", regrette Alain Jakubowicz, le président de la Licra, qui craint une ambiance "déliquescente" dans le pays.
L’Elysée argumente que le président de la république "a tissé un fil pendant deux ans" sur le sujet. François Hollande est intervenu une semaine après la déclaration par le gouvernement de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme "cause nationale", dans le sillage de l’attaque antisémite d’un couple juif vivant à Créteil. Les associations admettent la difficulté à discuter de ce sujet clivant de l’immigration notamment avec les critiques à droite sur son projet de réforme du droit d’asile et sur le droit des étrangers qui risque lui de provoquer des critiques lors de son examen au printemps.
Bien que le droit de vote des étrangers figure parmi les 60 engagements de campagne du candidat Hollande en 2012, le chef de l’état qui n’a pas la majorité et qui a exclu un référendum, devrait éviter de se lancer sur ce terrain lundi. Reste que, "dans une situation de vents mauvais", son discours représente "un geste symbolique fort", selon l’historien Benjamin Stora, président du Conseil d’orientation du musée. "C’est un fait que les hommes politiques, les intellectuels se sont désintéressés" du sujet, estime-t-il, en jugeant qu’"il faut inverser le courant, rassurer sur les capacités de la France" à affronter les défis de la mondialisation.
Ainsi, Luc Gruson, son directeur général du musée estime que son inauguration devrait représenter "un geste très fort, apportant le soutien politique et la légitimité qui ont manqué dès le début."
Situé dans le Palais de la Porte Dorée, le musée de l’immigration était conçu depuis sa création dans les années 1990 portée par Lionel Jospin puis Jacques Chirac pour appuyer les apports des migrants à la société française. Toutefois, la "Cité nationale de l’Histoire de l’immigration" n’avait ouvert ses portes qu’après l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence (2007), en pleine polémique à propos d’un projet de loi sur la maîtrise de l’immigration.