Le premier tome des Mémoires de l’homme politique le plus populaire de France, intitulé : "Chaque pas doit être un but" (Nil Editions) sort jeudi. Avant sa sortie officielle, les principaux extraits de cet ouvrage ont déjà filtré dans les médias.
L’ancien président raconte qu’à 16 ans, il veut se convertir à l’hindouïsme, à 18, il devient marin. Il y fait son apprentissage sexuel. Le livre raconte son dépucelage :
« ...Le bosco me demande si je suis puceau. Je lui réponds que oui. Il me dit qu’il va arranger ça. Et puis il fallait bien le faire ! Il m’a emmené dans les quartiers de la casba. J’y suis resté la nuit entière. Quand je suis revenu sur le Port, je n’étais plus le même homme... »
Dans l’ouvrage, on retrouve un Jacques Chirac sans langue de bois, qui se livre, mais qui égratigne également tour à tour ses ex-rivaux : Valéry Giscard d’Estaing et Edouard Balladur.
Jacques Chirac est bien plus clément avec François Mitterrand et ne s’attarde pas sur Nicolas Sarkozy, dont la personnalité devrait être plus longuement évoqué dans le second tome des mémoires, sur la période 1995-2007. Si l’ex-président parle des "conseils éclairés" de Bernadette, il n’aborde pas ses problèmes judiciaires.”
Voici quelques extraits de l’ouvrage concernant plusieurs personnalités politiques :
Valéry Giscard d’Estaing : "Une rancune tenace et inépuisable (...) La communication a toujours été difficile entre Giscard et moi, avant de devenir quasi impossible à la fin de son septennat, tant j’ai du mal à comprendre ses réactions, ses façons d’être et sa psychologie.Un jour, Giscard assurera avoir jeté la rancune à la rivière. Mais ce jour-là, la rivière devait être à sec, tant cette rancune est demeurée tenace et comme inépuisable. En démocratie, la défaite d’un homme est rarement une perte irréparable."
Edouard Balladur : "J’avais confiance en Edouard Balladur. C’est à mon instigation qu’il est devenu Premier ministre en 1993. Un accord politique, ayant aussi valeur de contrat moral, était scellé entre nous. Au fond de moi, j’ai encore peine à croire que le Premier ministre soit en train de trahir ses engagements. Mais tout s’éclaire définitivement le 11 septembre (1993), après un tête-à-tête de deux heures à Matignon. À l’issue de l’entretien, Edouard Balladur me raccompagne jusque sur le perron. Je suis déjà en train de descendre les marches quand Edouard Balladur me rappelle : Jacques… Je me retourne et l’entends me faire cette déclaration : Ne vous y trompez pas. Je ne serai jamais votre Premier ministre. Il avait attendu l’ultime moment pour m’adresser cette mise au point inopinée. Je n’aurai jamais d’explication d’homme à homme avec Edouard Balladur. Je ne l’ai d’ailleurs pas cherchée."
Nicolas Sarkozy : Un homme "nerveux, empressé, avide d’agir, et se distinguant par un indéniable sens de la communication". "Le premier à s’éloigner c’est le ministre du Budget, Nicolas Sarkozy. Au terme d’une réunion du bureau politique du RPR, rue de Lille, il demande à me parler en tête à tête. J’ai l’intention, m’annonce-t-il, de soutenir Balladur s’il est candidat à l’élection présidentielle. Je ne cherche pas à l’en dissuader, lui recommandant tout au plus de ne rien précipiter, de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Cette première défection ne me laisse pas indifférent".
François Mitterrand : "Je n’ignore pas la complexité du personnage, ni les zones d’ombre qui jalonnent son parcours, mais l’homme que je découvre au fil de nos entretiens [lors de la cohabitation de 1986 à 1988, ] m’apparaît d’une finesse de jugement et d’une intelligence tactique que j’ai rarement rencontrée dans le monde politique. Son amour de la France est indiscutable. Nos valeurs communes sont celles de deux provinciaux attachés aux traditions terriennes, comme aux idéaux de la République. Et si, pour le reste, nos convictions semblent à l’opposé, probablement l’un est-il moins à gauche qu’il ne le fait croire et l’autre moins à droite qu’il ne le laisse paraître. Salut l’artiste, m’est-il arrivé de penser en assistant à quelques-unes de ses prestations."
Bernadette Chirac : "Bernadette a son franc-parler et ses opinions peuvent être tranchantes, parfois trop à mon goût, surtout quand elles me concernent. Mais ses avis, ses conseils, ses critiques m’ont souvent éclairé."
(Ces extraits ont été récupérés par Canal+)