De plus en plus de Français pratiquent des activités nautiques de loisir, mais certains se comportent comme des "consommateurs de mer", oubliant les risques auxquels ils ne sont pas toujours préparés même avec des équipements de plus en plus sophistiqués.
PARIS (AFP) - De plus en plus de Français pratiquent des activités nautiques de loisir, mais certains se comportent comme des "consommateurs de mer", oubliant les risques auxquels ils ne sont pas toujours préparés même avec des équipements de plus en plus sophistiqués.
"Il existe des consommateurs de mer qui pratiquent comme on prend un vélo pour se balader à la campagne", constate l’amiral Yves Lagane, président de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), qui assure 53% du sauvetage en mer, soit 4.748 interventions et 8.687 personnes secourues en 2009.
Depuis 40 ans, le nombre de bateaux augmente régulièrement, avec 600.000 embarcations actuellement utilisées en France et une tendance en hausse de la pratique, selon Bernard Vibert, président de l’Union nationale des associations de navigateurs (Unan).
Pour Catherine Chabaud, première navigatrice à avoir bouclé un tour du monde sans escale et sans assistance, trop de plaisanciers ont oublié que "la mer n’est pas un terrain de jeu mais un milieu vivant, mobile".
Cette approche dilettante de la mer se retrouve dans les demandes d’assistance : sur les 1.800 enregistrées par les CROSS "entre 700 et 800 pouvaient être évitées si on faisait des efforts de prévention", estime Bernard Vibert.
En effet, 60% des demandes d’intervention concernaient des problèmes de moteur, parfois par simple oubli de carburant... "On peut dire facilement que pour chaque pratique nautique, il y a quelques points simples à suivre qui éviteront de gros ennuis", souligne M. Vibert.
Tous les intervenants du Forum Mer en Sécurité, organisé mardi à Paris, ont rappelé l’impératif de consulter la météo avant de partir ne fût-ce qu’à la plage ! Selon un sondage Ipsos, seuls 53% des gens pratiquant une activité nautique la regarde systématiquement (27% souvent, 8% rarement et 12% jamais).
De même, le port du gilet de sauvetage n’est un réflexe que pour 41% des sondés (19% le porte souvent, 17% rarement et 48% jamais).
L’entretien du matériel (moteur, gréement, vérification des vannes) fait aussi partie du B.A.BA, de même qu’un minimum de pratique ou de curiosité pourrait pallier le "manque de culture marine" de nombreux aventuriers, bardés de technologies qui leur donnent l’illusion d’être en sécurité.
Gérard d’Aboville, président du conseil supérieur de la navigation de plaisance et navigateur, fustige cette "foi aveugle des nouveaux plaisanciers dans les nouvelles technologies qui ne remplacent pas le sens marin fait de bon sens et d’expérience".
"Il faut les convaincre de se former à utiliser la VHF plutôt que le téléphone portable", poursuit l’amiral Lagane, qui prône sa généralisation, rappelant qu’entre 60 et 70% seulement des plaisanciers environ sont équipés en VHF et que le portable ne passe pas partout en mer et ne permet pas d’être localisé.
"Oui au maintien et à la généralisation de la VHF : c’est aussi le seul moyen de rassembler, de coordonner une opération sur zone", renchérit Yann Tainguy, préfet maritime de la Méditerranée.
Même les entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies embarquées vont dans ce sens. "Le maître mot reste la formation, la prévention et l’éducation aux outils classiques" que sont les cartes papiers, le compas, etc, affirme Frédéric Algalarondo, de la société française Maxsea qui développe des logiciels de navigation et des cartes électroniques (35.000 utilisateurs dans 25 pays).