"Y’a bon Banania, y’a pas bon Taubira" : un prêtre poursuivi pour injure raciale relaxé

Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé mardi 19 mai l’abbé Xavier Beauvais, ancien curé de la paroisse lefebvriste de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris. Le parquet a toutefois requis une amende de 3 000 euros.

Méconnaissance de la connotation raciste
En soutane face à ses juges, l’abbé Beauvais, qui officie aujourd’hui à la paroisse Saint-Pie X de Marseille s’est défendu lors de l’audience, le 25 mars dernier. Argumentant qu’il ne possède ni ordinateur, ni téléphone portable, ne lit pas les journaux ni regarde la télévision, il a soutenu qu’il ignorait la connotation raciste de l’ancien slogan de la marque de chocolat en poudre. Les juges ont alors tranché que le caractère "outrageant et raciste" dans les expressions "y’a bon" et "y’a pas bon" n’était pas avéré même si elles peuvent parfois être perçues comme choquantes. "Sauf à considérer, ce qui n’est pas démontré, qu’elles ne pourraient être employées que par des personnes de couleur noire", a ajouté le parquet.

L’abbé Beauvais n’était pas "nécessairement informé"
Les juges ont estimé que l’abbé Beauvais n’était pas "nécessairement informé" que "la formulation retenue est non seulement critiquée depuis quelques années par plusieurs associations en raison de ses relents colonialistes et des stéréotypes racistes qu’elle véhiculerait, mais interdite depuis un arrêt de la cour d’appel de Versailles du 19 mai 2011".

Le côté pseudo-humoristique privilégié
Poursuivi pour injure publique raciale, il a en effet été jugé pour avoir crié "Y’a bon Banania, y’a pas bon Taubira" lors d’une manifestation, le 20 octobre 2013, contre la "christianophobie" à l’appel du mouvement Civitas. D’après les juges, l’abbé Beauvais a pu utiliser "le slogan litigieux" en mettant en avant son côté pseudo-humoristique avec la possibilité de faire rimer le produit concerné avec le nom de Christiane Taubira.