Le bureau du commissaire Maigret va-t-il disparaître ? Le légendaire 36, Quai des Orfèvres, siège de la police judiciaire (PJ) parisienne immortalisé par Georges Simenon, devrait à terme déménager aux Batignolles, abandonnant les lieux mythiques de l’Ile de la Cité.
PARIS (AFP) - Le bureau du commissaire Maigret va-t-il disparaître ? Le légendaire 36, Quai des Orfèvres, siège de la police judiciaire (PJ) parisienne immortalisé par Georges Simenon, devrait à terme déménager aux Batignolles, abandonnant les lieux mythiques de l’Ile de la Cité.
Claude Cancès, ancien directeur de la PJ où il a passé 35 ans, retrace dans un livre cette "Histoire du 36" (Editions Jacob-Duvernet), lieu mêlé aux grandes affaires criminelles auxquelles il a été confronté.
Le "36" fait toujours les beaux jours des feuilletons télévisés, de films ou d’émissions de faits divers qui fleurissent sur toutes les chaînes de télévision. Et, rappelle Claude Cancès, y ont défilé les tueurs en série, de Marcel Petiot à Thierry Paulin et Guy Georges, les protagonistes des affaires financières comme les dossiers Stavisky ou des HLM de Paris, les caïds du milieu, les membres d’Action directe ou islamistes radicaux.
L’auteur, en retraite dans le Gers où il pratique la randonnée et la musique, livre un hommage à ce lieu mythique, dont Georges Simenon s’est inspiré pour créer le célèbre commissaire Maigret.
Simenon, rappelle M. Cancès, a créé Maigret et son bureau de "patron" de la brigade criminelle à la PJ à partir d’une figure du "36", le commissaire Guillaume.
Le bureau du commissaire Maigret est cependant appelé à déménager ainsi que le confirme, dans la préface de l’ouvrage, un autre "grand flic" ancien du "36", et aujourd’hui à la tête de la direction générale de la police nationale (DGPN), Frédéric Péchenard.
"Laisser le 36 au 36 ? J’en rêverai", écrit le DGPN. Mais les lieux sont étroits et vétustes, selon lui. Son déménagement doit accompagner, dit-il, celui, également prévu, du tribunal de grande instance (TGI) de Paris qui jouxte le siège de la PJ sur l’Ile de la Cité au coeur du Paris historique empêchant de fait tous travaux d’amélioration.
Le déménagement du TGI prévu dans le quartier des Batignolles (XVIIe) est "irréversible" et devrait se concrétiser en 2015-2016, avait indiqué en janvier le premier président de la cour d’appel de Paris, Jean-Claude Magendie. Selon lui, le nouvel ensemble comprendra le tribunal de grande instance de Paris, les vingt tribunaux d’instance, ainsi que le tribunal de police, les fonctionnaires de la PJ étant abrités dans des locaux voisins.
Dans son livre, Claude Cancès fait parler des "grands flics" du "36" sur ce déménagement qui était, il y a peu, tabou parmi les anciens. Tous se disent attachés aux lieux foulés par les plus grands escrocs ou criminels mais reconnaissent qu’il n’est plus adapté aux réalités des interrogatoires ou de la police scientifique d’aujourd’hui.
Les services rattachés à la PJ parisienne, dont la brigade financière, rappellent-ils, sont déjà éclatés et doivent coller au futur déménagement du palais de Justice qui a suscité l’émoi des avocat parisiens en 2009.
"Ce sont les hommes qui fabriquent la mémoire des pierres pas le contraire", écrit M. Cancès. Presque un épitaphe pour le "36", ont observé des policiers de base de la PJ.
Interrogés par l’AFP, ils restent cependant prudents voire sceptiques mettant en évidence le coût du projet : un milliard d’euros, une "somme", selon l’un d’eux, en ces temps de disette des finances de l’Etat.
