"L’Etat a toujours accompagné le projet mais les difficultés qui apparaissent ne relèvent pas de sa responsabilité. Il faut avoir des projets à la hauteur des ambitions et des possibilités financières de la collectivité" a déclaré la ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, lundi au premier jour d’une visite de 48 heures sur l’île.
Destiné à relier le nord et l’ouest de l’île en desservant cinq communes (41 km de voie ferrée) le projet de construction du tram-train devait démarrer en janvier 2010 et s’achever fin 2016, via un contrat de partenariat public-privé (PPP).
Le marché a été attribué en août au groupement d’entreprises Tram’Tiss, composé notamment de Bouygues, Veolia Transport (groupe Veolia Environnement), de la Société générale et Bombardier, chargé de réaliser les infrastructures et de gérer l’exploitation du réseau. Le groupement devait assurer également la moitié du financement, percevant, en contrepartie, une redevance annuelle de l’ordre de 125 millions d’euros pendant 4O ans.
L’Etat s’est engagé, pour sa part, à hauteur de 435 M EUR, dans le cadre d’un protocole signé à Matignon le 19 janvier 2007 par l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin et Paul Vergès, président de la Région-Réunion. Le reste du financement est apporté par l’Europe (100 M) et la Région (350 M).
Mais à quelques jours de la signature du contrat, prévue courant décembre, le financement du projet n’est toujours pas assuré, la Région n’arrivant à boucler le budget.
Elle réclame de l’Etat une "révision du protocole de Matignon" et l’attribution, à partir de 2014, d’une aide d’environ 80 millions d’euros par an, en référence à celle allouée aux régions de métropole dans le cadre de la dotation dite TER (Transports express régionaux). "Ces recettes nous sont aujourd’hui essentielles pour assurer la réalisation du tram-train dans sa première phase" a indiqué Paul Vergès fin octobre dans une lettre à Nicolas Sarkozy dont l’AFP a obtenu copie.
Dans un deuxième courrier ce mois-ci, M. Vergès a renouvelé sa demande, soulignant que "l’abandon du projet aurait des conséquences économiques catastrophiques, le lancement des travaux du tram-train étant attendu par tous les Réunionnais et l’ensemble des acteurs économiques et sociaux et considéré comme l’outil décisif de la relance économique".
"La dotation ferroviaire est une dotation de compensation de charges lorsque les trains régionaux ont été transférés aux collectivités. La Réunion n’est pas concernée car à l’époque du transfert elle n’était pas équipée de chemin de fer", a répliqué Mme Penchard qui s’est demandée "pourquoi ces difficultés apparaissent maintenant".
Le menace de la Région d’abandonner le projet inquiète le patronat local, qui le juge "indispensable pour relancer le secteur du BTP où 7.000 emplois ont été supprimés en un an.
De son côté, la Région a justifié sa demande par l’augmentation du coût du projet qui est passé de 1,315 à 1,550 milliard et par la baisse des recettes de la collectivité. Un récent rapport de la préfecture a conclu que le financement du projet "s’annonce laborieux sans aide complémentaire" et "pèsera négativement sur la situation financière de la Région durant de nombreuses années". Les élus de la Région doivent se prononcer sur le dossier le 1er décembre.