L’année 2011 a été un bon cru pour la Française des Jeux. Sur le plan national, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 11,4 milliards d’euros, soit une augmentation de 8,5% par rapport à 2010. A la Réunion, la société détenue majoritairement par l’Etat a totalisé un chiffre d’affaires de 142 millions d’euros, lui aussi en augmentation par rapport à 2010. Si dans la plupart des cas les Réunionnais jouent de manière raisonnée, certains d’entre eux nourrissent une réelle dépendance aux jeux.
La Française des Jeux ne connait pas la crise, ni dans l’hexagone, ni à la Réunion. Le chiffre d’affaires de la société française a connu une nouvelle augmentation en 2011. Dans notre département, la FDJ a réalisé un chiffre d’affaires de 142 millions d’euros, ce qui correspond à une augmentation de 5% par rapport à 2010.
Les Réunionnais jouent beaucoup mais pas autant que l’on pourrait le penser. Comme l’explique le courtier mandataire de la Française des Jeux à la Réunion Fabienne Vouillon, "le Réunionnais joue de manière contrôlée, pas du tout dans des proportions importantes". L’île se positionne en effet très loin dans le classement des départements qui jouent le plus en France, à la 21ème place.
Les jeux d’argent, plusieurs Réunionnais interrogés les décrivent comme une sorte d’exutoire, un petit plaisir qu’on se fait de temps en temps. Mais là où certains jouent raisonnablement, d’autres se sont laissés entraînés dans la spirale de la dépendance. Pour Jean-Pierre, jouer est devenu une nécessité. Pour Antenne Réunion radio, il raconte : "tous les jours, je joue. Si j’ai 10 euros, je joue ça, si j’ai 5 euros, je joue 5 euros. Je ne peux pas passer devant un bar sans jouer. C’est un plaisir et il y a la dépendance. Et puis, il y a toujours ce petit espoir de gagner le jackpot".
Marthe se présente elle aussi comme une accro aux jeux. La mère de famille assure qu’elle vient au moins deux à trois fois par semaine au bar tabac et qu’il lui est impossible de changer cette habitude. "Quand on me dit qu’il faut arrêter les jeux mon argument c’est le suivant : pourquoi les gens qui fument, boivent n’arrêtent pas ? Je suis capable de traverser la ville pour satisfaire ce besoin du jeu. Je préfère encore me priver sur l’achat de vêtements par exemple pour pouvoir payer les factures mais pas question de tirer un trait sur le jeu. C’est une drogue, une maladie."
L’ augmentation du nombre de joueurs s’explique en partie par la situation de crise. Selon le docteur Mickaël Vautier, psychologue, les dépendances aux jeux sont aussi "entretenues par les médias, par des informations récurrentes sur les problèmes de l’euro". Le psychologue remarque par ailleurs que "les gens ont besoin de se rassurer avec l’idée de gains éventuels et la promesse d’un avenir meilleur".
Dans la vidéo jointe, découvrez l’interview du docteur Mickaël Vautier. Interrogé pour Antenne Réunion radio, le psychologue dresse le profil des joueurs à la Réunion et insiste sur le fait que la dépendance touche tous les milieux sociaux.