Le Premier ministre Manuel Valls s’est exprimé à la place de François Hollande, président de la République, lundi soir au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Dans son élan, il a appelé les Français juifs à "ne pas douter de la France", malgré "l’antisionisme" synonyme de "l’antisémitisme".
Le dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) se tenait lundi soir à Paris. Lieu de rencontre entre les différentes institutions de la communauté juive, il est aussi devenu une tribune prisée des politiques. C’était le dernier évènement organisé sous la houlette de Roger Cukierman. Son successeur doit être élu en mai prochain. "Nous vivons une vie retranchée. Nous avons le sentiment angoissant d’être devenus des citoyens de deuxième zone", avait évoqué dans la matinée le président sortant. Une "angoisse" très vite apaisée par Manuel Valls lors de son discours.
En l’absence du président François Hollande, retenu à Bruxelles pour le sommet extraordinaire UE-Turquie sur la crise des migrants, c’est le Premier ministre qui a répondu à Roger Cukierman, dans un discours préparé par le chef de l’Etat et complété par ses soins. Pour le Premier ministre, "les Français juifs ne doivent pas douter de la France. (...) Les Juifs de France ont bâti la France. Ils doivent continuer de la bâtir !".
Mais il a reconnu la "peur" que ressentent les juifs. "Les juifs de France, trop souvent, ont peur. De porter la kippa, d’aller à la synagogue, d’aller faire leurs courses dans les commerces casher, d’envoyer leurs enfants dans les écoles publiques. Et cette réalité, nous ne pouvons pas l’accepter", a-t-il déclaré. Le Premier ministre a notamment annoncé, que la "disposition visant à sortir les délits antisémites et racistes du droit de la presse pour les faire rentrer dans le droit commun figurerait dans le projet de loi ’Egalité et citoyenneté’, soumis au Parlement au printemps".
A cette occasion, Manuel Valls a également fustigé "l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël". "Nous savons qu’il y a un antisémitisme ancien, ou un antisémitisme nouveau. Il y a l’antisémitisme insupportable de l’extrême droite, toujours présent, mais on trouve aussi un antisémitisme dans l’extrême gauche", a-t-il déclaré. Il a martelé que "mener des politiques fortes contre l’antisémitisme ou l’antisionisme ne fera pas perdre des voix ici ou là dans tel ou tel quartier", mais "honorera tous ceux qui seront engagés dans ce combat".
Le premier ministre a enfin salué les représentants présents au dîner, "en particulier Anouar Kbibech, nouveau président du Conseil français du culte musulman" (CFCM). L’an dernier, la plupart d’entre eux avaient boycotté le dîner parce que Roger Cukierman avait déclaré que "toutes les violences" antisémites sont aujourd’hui "commises par des jeunes musulmans".
Une ovation a été réservée au président sortant du Crif. "Votre pays vous est reconnaissant pour la dignité et le courage avec lesquels vous avez conduit votre mission", lui a dit Manuel Valls.
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