Ce jeudi 17 novembre marque la journée mondiale de la prématurité. En cette journée, Loëtitia, 38 ans, a accepté de raconter la naissance de sa fille, Meïlan, il y a bientôt 11 ans. Cette dernière avait, en effet, décidé de pointer son nez plus tôt que prévu. Une expérience d’autant plus marquante pour cette maman qui faisait face à sa première grossesse, sans être pleinement consciente de ce en quoi consistait la prématurité de son enfant.
En 2011, âgée de 27 ans, Loëtitia était enceinte de son premier enfant, une fille qu’elle a choisi d’appeler Meïlan. Alors que le terme de sa grossesse était prévu en février 2012, c’est dans la nuit du 20 décembre 2011 que la jeune maman perd les eaux. « À ce stade de ma grossesse, j’étais alitée, car j’ai eu une grossesse compliquée. Mais c’était plus fort que moi, je n’ai pas su résister à la tentation de fêter mon 20 décembre et j’ai partagé une journée en famille », se souvient-elle.
Si la grossesse de Loëtitia a été compliquée, elle garde de bons souvenirs de son accouchement, notamment parce qu’elle était entourée d’une bonne équipe. C’est ainsi qu’à 3 heures du matin, le 21 décembre, le travail a commencé et, onze minutes plus tard, elle tenait son enfant dans ses bras. « Ce petit bout de chou de 32 semaines , 56 cm et 2,400kg découvrait la vie. Elle nous a fait un peu d’apnée du sommeil, mais comme j’avais eu une grossesse compliquée, tout avait été mis en œuvre pour que son arrivée précoce se fasse dans les meilleures conditions. C’était déjà une battante », s’exprime Loëtitia.
Peu après l’arrivée de Meïlan, sa mère et elle devaient rejoindre le service de néonatologie. Durant leur séjour, elles n’avaient droit qu’à trois visites par jour et leurs proches ne pouvaient les voir qu’à travers une vitre. Puis, le réveillon du Noël n’a pas tardé à se pointer et les médecins ont proposé à Loëtitia de rejoindre sa famille, mais sa fille devait rester à l’hôpital. « Cette option n’était pas envisageable une seconde. Je n’allais pas laisser ma fille seule à la maternité. Puis, la petite coquine a dû passer la nuit sous les UV parce qu’elle nous faisait une petite jaunisse. Alors, j’ai tranquillement regardé un dessin animé à la télé, au final », raconte-t-elle.
Durant son séjour, Loëtitia commence à ressentir la solitude au sein du service de néonatologie. « Je me sentais mal, seule et un peu dépassée. J’avais ce petit être dans les mains qui me paraissait très petite et fragile. C’était mon premier enfant, je ne réalisais pas du tout les risques que cela représentait d’avoir un bébé prématuré. À mes yeux, mon enfant était la plus forte quoi qu’il arrive on allait s’en sortir. »
Toutefois, cette dernière a continué à présenter des soucis de santé, ce qui la fragilisait davantage. En effet, Meïlan a commencé à perdre du poids, alors sa mère a pris une décision radicale et salvatrice. Elle a fait le choix de quitter l’hôpital et de rentrer chez elle avec son enfant, malgré les avertissements des médecins. « Je savais qu’ils avaient tout fait, si mon enfant perdait du poids, c’était uniquement parce que nous n’étions pas bien. Nous avions besoin d’être chez nous. Alors, le 31 décembre, on a filé à la maison. Elle a tout de suite commencé à reprendre du poids et est même devenue une vraie petite patate », se réjouit Loëtitia.
De retour à la maison, Loëtitia sent que toute l’attention qu’on lui portait quand elle était enceinte se portait désormais sur ce tout petit bébé. « Peut-être que j’ai fait un léger baby blues. J’étais fatiguée, j’avais besoin d’aide et en même temps j’avais peur. J’avais cette sensation qu’on allait me prendre mon bébé », raconte-t-elle. Cette peur était notamment due aux regards que l’on posait sur son enfant à la fragilité apparente. « Pour moi, sur le moment, il n’y avait rien de choquant. Mais avec le recul et en regardant les photos, parfois, je me rends compte qu’on voyait bien qu’elle était toute menue. » Cette « inconscience » et cette « naïveté » lui avaient toutefois permis de moins stresser et de vivre plus pleinement sa grossesse, malgré l’alitement. « C’est bien plus tard, que j’ai réalisé que les choses auraient pu moins bien se passer. J’aurais aimé quand même qu’on m’alerte un peu plus sur la fragilité de ma grossesse », confie-t-elle ensuite.
Aujourd’hui, Meïlan est âgée de bientôt 11 ans et ne souffre pas de pathologie particulière. Elle a des soucis de santé comme tout enfant, mais rien de significatif qui se rattache forcément à sa prématurité. Toutefois, Loëtitia tient à toujours prendre en compte que c’est une enfant prématurée. « Avoir vécu la prématurité pour mon premier enfant ça a été bien comme pas. C’était l’inconnu, j’étais dans mon rêve sur mon nuage j’allais être maman de ce petit bout », conclut Loëtitia.
Laëtitia Bègue