Un homme de 62 ans est décédé suite à leptospirose à la Rivière Saint-Louis. La maladie n’a pas été découverte plus tôt par un médecin généraliste. Il était un agriculteur en pleine santé et père de famille. Sa fille témoigne sur cette maladie dangereuse, mais aussi pour que les médecins généralistes posent les bonnes questions, le bon diagnostic et une prescription de bilan sanguin.
Il ne se sentait pas bien depuis quelques jours. Fièvre, douleurs musculaires n’ayant pas l’habitude de le voir rester couché, sa femme réussie à le convaincre d’aller voir un médecin, le samedi 27 avril. Le père de famille fait le déplacement, ce jour-là, c’est un médecin remplaçant qui est présent au cabinet. Après lui avoir expliqué ses symptômes, il repart avec une ordonnance où il est prescrit : "un bain de bouche et du paracétamol" ainsi qu’un test de glycémie. L’agriculteur rentre chez lui et reste couché au lit. Le lendemain, rien ne change. Il commence à avoir mal au dos, selon lui à force de rester allongé.
"Lundi matin, ma mère me demande d’aller chercher des boissons lactées et des yaourts aux fruits, c’était la seule chose qu’il aurait pu avaler. Ma mère voyant que son état ne s’améliore pas, appel le médecin, un autre remplaçant, afin de demander un test de dengue et de leptospirose. Un infirmier viendra plus tard dans la matinée faire la prise de sang. Dans l’après-midi, tout s’écroule : le médecin rappelle ma mère en disant qu’au vu des premiers résultats, il faut tout de suite aller aux urgences : le foie et les reins sont gravement atteints."
Dans l’instant même, le père commence à devenir jaune, essaye de se lever du lit, mais n’y arrive pas, la famille essaye de le soulever afin qu’il utilise un déambulateur. Habitant dans les hauts de la Rivière Saint-Louis, appeler le Smur ou le Samu aurait fait trop attendre la famille, car il faut du temps pour arriver jusqu’à leur maison.
Se préparer à toute éventualité
"Je décide alors d’emmener mon père en voiture. Le trajet fut compliqué, car à 16 h, il y avait beaucoup de voitures jusqu’à l’hôpital de Terre Sainte. Je voyais mon père à l’agonie à côté de moi, luttant contre la douleur, avec des sueurs froides, je ne pensais pas arriver avec mon père vivant aux urgences."
"Il est dialysé, perfusé avec plusieurs médicaments. Le cas de leptospirose est confirmé par les résultats sanguins. Les jours passent, les résultats s’améliorent petit à petit, jusqu’au mardi suivant, où il commence à avoir des difficultés à respirer, fait de la fièvre et se met à tousser en crachant du sang. Le médecin nous appelle dans la nuit, nous disant que son état est grave, et que le sang qu’il a en toussant signifie au mieux qu’il a attrapé une infection pulmonaire, et au pire des cas que cela pourrait être une complication de la leptospirose, qui attaque les alvéoles pulmonaires. Le médecin nous dit de nous préparer à toute éventualité, et qu’ils allaient certainement placer mon père dans le coma. Nous étions tous sous le choc."
À 2 h 30, le médecin rappelle la famille, expliquant que l’état du père s’est encore dégradé et qu’il n’y avait plus d’espoir. Au service de réanimation le père était inconscient, intubé et gonflé, l’œdème était partout.
"Ce jour-là, à 35 ans, je n’avais plus de papa"
"Nous entrons dans la chambre, j’ai du mal à reconnaître mon père. Nous lui disons tous à quel point on l’aime, ma mère le supplie de rester de ne pas nous quitter. Vers 4 h 45, le médecin vient nous dire qu’il allait sûrement décéder dans les deux heures qui suivent. Nous allons à son chevet. Sa tension commence à chuter lentement, les battements de son cœur également, puis tout s’accélère. Chaque seconde qui passe, c’était tous les chiffres qui descendaient de plus en plus rapidement. Les battements de son cœur s’arrêtent, l’infirmière éteint la machine en nous disant " toutes mes condoléances". Il était 6 h 53, le 8 mai 2024, le soleil venait de se lever. Ce jour-là, à 35 ans, je n’avais plus de papa. "
"À cause de la leptospirose, mais surtout à cause d’un médecin généraliste qui n’a pas su poser les bonnes questions et poser le bon diagnostic, car pris en charge plus tôt, les choses auraient pu être différentes. Mon père a fait confiance au médecin, un médecin qui ne s’est pas donné la peine de donner des analyses à faire à part un test de glycémie, des analyses que ma mère elle-même est allée demander. Il faut que les médecins puissent prescrire les bilans sanguins dès le moindre doute, le moindre symptôme. Nous sommes aujourd’hui bien sûr anéantis, mais aussi en colère. "