Ce sont de véritables scènes de torture qui circulent actuellement sur Internet à l’île Maurice. Avec ces images, des allégations contre les policiers de l’île soeur sont également portées. L’avocat et directeur de l’ONG Droits humains Océan Indien, Erickson Mooneapillay, réagit et donne des explications.
Ce sont des scènes insoutenables de torture qui sont diffusées sur les réseaux sociaux mauriciens. Suite à cela, Erickson Mooneapillay, avocat et directeur de l’ONG Droits humains Océan Indien, resitue les faits.
Selon l’avocat, la torture et la brutalité policière ne sont pas des phénomènes nouveaux à Maurice : "Malheureusement, ce n’est pas quelque chose de nouveau sur notre île. Cela date de la période post indépendance de l’île Maurice, et c’est même une culture. il y a une culture d’aveux arrachés par la torture, et les autorités, malheureusement, n’ont pas vraiment prêtés foi à ces allégations.
Il complète : "La brutalité policière ne date pas d’hier à Maurice et c’est quelque chose de courant. C’est même quelque chose que les autorités prennent avec une certaine légèreté", indique l’homme.
Souvent impunis, les actes de torture et de brutalité policière sont compliqués à condamner : "Nous mêmes en tant qu’avocat au pénal, continue Maître Mooneapillay, souvent nous avons beaucoup de difficultés à faire prouver que l’aveu a été arraché par la torture. Je peux vous citer des dizaines de cas où des suspects ont été brutalisés. Plusieurs enquêtes ont été réalisées avec des déclarations contre des policiers identifiés. Dans ces enquêtes, les policiers auteurs de tortures n’ont rien eu".
Il continue : "Il y a des affaires notables comme la mort d’un habitant en 2015 où 5 policiers ont été arrêtés, mais malheureusement la cour a vu qu’il n’y avait pas assez de preuves, et ses cinq policiers ont été relaxés.
En 2020, deux frères ont été torturés et dans ce cas là, un policier a été arrêté. Il n’est aujourd’hui plus en service et fait l’objet d’une charge provisoire pour torture. Mais ce ne sont là que quelques cas où les policiers ont été arrêtés. Il y a une culture d’impunité à Maurice", conclut l’homme.
Interrogé sur le sujet, l’avocat indique : "Ces vidéos sont choquantes de par leurs cruautés et leurs perversités. Pourquoi donner autant de crédibilité à ses vidéos, parce que ses personnes là sont facilement reconnaissables, les avocats qui travaillent au pénal peuvent facilement reconnaître les personnes qui sont sur ces vidéos".
Selon l’avocat, pour le moment personne n’a été arrêté : "Aucun policier n’a été arrêté pour les délits de torture ou de brutalité policière. Le responsable de la communication de police a seulement dit que ce genre d’actions ne seront pas tolérées et il pense que cette vidéo date de 2019, il y a 3 ans de cela, ce qui est juste", conclut l’homme.
Patrick Rivière.