Un projet de loi sur les mineurs isolés, porté par le groupe parlementaire UDI, était au menu du Sénat cette semaine. Le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi regrette que Mayotte ne soit pas prise en compte.
Un projet de loi sur les
mineurs isolés, défendu par le groupe UDI -
Union des démocrates et indépendants - figurait cette semaine à l’ordre du jour du Sénat. Le texte prévoit notamment de mettre à l’abri quelque 8 000 enfants isolés recensés à travers le territoire national. Curieusement, les auteurs de cette proposition de loi ont omis de prendre en compte le cas de
Mayotte, qui abrite pourtant des milliers d’enfants en errance.
"Un tel oubli a donc poussé" le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi à défendre la cause de son île devant le palais du Luxembourg.
"Je déplore sincèrement que cette proposition de loi, pas plus que la circulaire d’ailleurs, ne traite de la question ultramarine, et principalement de celle de deux départements, l’un que vous connaissez bien, Madame la Garde des Sceaux, puisqu’il s’agit de la Guyane, et l’autre, cher à mon cœur, Mayotte", a lancé le parlementaire mahorais avant d’ajouter : "dans ces deux départements, la problématique des mineurs étrangers isolés dépasse largement la politique d’aide sociale à l’enfance relevant des conseils généraux ; elle s’inscrit totalement dans la politique d’immigration de l’État, à qui il revient, dans ce cas précis, d’assumer la prise en charge de ces enfants, au moins temporairement… ".
A noter qu’une circulaire de la Garde-des-Sceaux Christiane Taubira ne prend en charge que les 5 premiers jours d’accueil, en imputant le reste des dépenses sur le compte des collectivités, dont certaines se retrouvent "prises à la gorge financièrement". C’est justement afin de résoudre cette problématique que le projet de loi sur les mineurs isolés a été créé en métropole, précise le site mayotte.orange.fr.
Lors de son intervention, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a regretté que le 101e département soit le grand oublié de ce texte, et a déploré le peu d’intérêt accordé aux mineurs isolés mahorais. « Mayotte compte, à elle seule, environ 3 000 mineurs isolés si l’on se réfère à la fourchette basse, dont 500 en grande fragilité car absolument livrés à eux-mêmes. 87% d’entre eux sont des mineurs venus des Comores abandonnés sur le territoire après que leurs parents ont été reconduits à la frontière », a-t-il exposé.
Thani Mohamed Soilihi a détaillé diverses difficultés auxquelles sont confrontés les mineurs isolés de Mayotte, notamment "refus des maires d’inscrire les enfants dans les écoles lorsque le système éducatif parvient difficilement à accueillir les français, Aide Médicale d’État pour étrangers inexistante, augmentation de la délinquance, absence d’établissements de placement éducatif d’urgence de type Foyer de l’Enfance ou MECS (maison d’enfants à caractère sociale) permettant une mise à l’abri des mineurs pour les situations les plus extrêmes, ni de possibilité de placement (...) pour les mineurs abandonnés depuis plusieurs mois en dehors des familles d’accueil déjà surchargées du Conseil Général… ".
Et lui de poursuivre : « je vous laisse donc imaginer le ressenti des Mahorais devant les initiatives, souvent louables, qui sont prises en faveur des étrangers. Leur colère est légitime et donne parfois lieu à des dérives que nous ne pouvons pour autant pas laisser perdurer ».
Revenant sur les différents rapports présentés par l’Observatoire des Mineurs Isolés, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a conclu son intervention par un urgent appel à l’aide : "A Mayotte, la mèche a été allumée. L’heure n’est plus à l’observation, mais à l’action. C’est la raison pour laquelle je vous demande instamment Madame la Ministre de trouver une solution pérenne à ce problème majeur".