Suite à la mort de Gilles Jacquier, Mohammed Ballout, un envoyé spécial de la BBC en arabe, présent lors du drame témoigne sur Figaro. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a demandé que « toute la lumière soit faite sur les circonstances » de ce tragique incident.
Par la voix de son chef de diplomatie, le gouvernement français a demandé que « toute la lumière soit faite sur les circonstances » de la mort de Gilles Jacquier, grand reporter de France 2, cible d’un obus en Syrie mercredi. Mohammed Ballout, un envoyé spécial de la BBC en arabe, faisait partie des délégations autorisées par les autorités syriennes à effectuer des reportages dans ce haut lieu de la contestation. Il raconte les circonstances du drame.
Mercredi, deux groupes de journalistes étrangers étaient à Homs après que les autorités syriennes les ont autorisés à effectuer des reportages dans ce haut lieu de la contestation. Le premier groupe, conduit par le ministère de l’Information syrien, était composé de journalistes des chaînes américaines CNN, CBS, des reporters de l’AFP ainsi que de Mohammed Ballout, un envoyé spécial de la BBC en arabe qui a témoigné dans le Figaro :
« Nous étions deux délégations de journalistes étrangers présents ce mercredi après-midi à Homs. La première, escortée par le ministère de l’Information syrien, était composée, outre moi-même, de journalistes des chaînes américaines CNN et CBS et de l’AFP. La seconde délégation était escortée par une religieuse libanaise et comptait dans ses rangs Gilles Jacquier et un autre journaliste de France 2 », a-t-il relaté en précisant que cinq Belges, deux Suisses, deux Libanais et un journaliste syrien faisaient également partie de cette deuxième délégation.
Le groupe avec qui se trouvait Mohammed Ballout était descendu dans les hôpitaux des quartiers de Homs qui sont toujours contrôlés par l’armée. En milieu d’après-midi, des militants pro-Assad se sont attroupés devant l’hôpital de Zahira. « Soudain, une roquette RPG a frappé la foule. Huit activistes pro-Bachar ont été tués sur le coup, il y a eu des blessés également. Les journalistes du groupe de Jacquier sont accourus pour voir ce qui se passait. À ce moment-là, un deuxième RPG a été tiré dans leur direction. Gilles Jacquier est mort sur le coup. Un journaliste de la radio flamande VRT a été blessé à la tête. Le caméraman de France 2 n’a pas été blessé. L’attaque s’est passée dans la rue », a-t-il poursuivi.
Il a par ailleurs précisé que « Zahira est un bastion alaouite qui a été visé plusieurs fois dans le passé par les manifestants. Dans ce quartier, il y a souvent des tirs de snipers de la part des manifestants ».
Gilles Jacquier était arrivé samedi dernier à Damas sur invitation de la Sœur Marie Agnès, une religieuse libanaise favorable au pouvoir syrien.
Par ailleurs, l’ambassadeur de France à Damas, Eric Chevallier, s’était rendu à l’hôpital où avait été emmené le corps de Gilles Jacquier, aussitôt après le drame, rapporte dans Le Parisien Joseph Eid, un photographe qui faisait partie du voyage.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, basée en Grande-Bretagne, six Syriens avaient été également tués dans l’explosion des obus. Cette organisation a d’ailleurs demandé qu’une enquête soit ouverte pour déterminer l’origine exacte des tirs. Conjointement, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a exigé également une enquête. La même demande a été formulée par l’organisation de défense de la presse, Reporters sans Frontières qui a spécifié par ailleurs qu’ « un journaliste syrien et deux journalistes-citoyens syriens » ont été tués en Syrie depuis la mi-mars.
De son côté, la télévision officielle syrienne a pointé du doigt un groupe terroriste qu’elle accuse d’avoir été l’auteur des tirs en direction des journalistes étrangers. Plusieurs militants pro-démocratie ont par contre accusé le régime de Bachar al-Assad d’être une nouvelle fois à l’origine de cette tuerie.
A l’Elysée, le président Sarkozy a appelé les autorités à Damas à faire « toute la lumière sur la mort » du journaliste. Conjointement, le chef de la diplomatie française a demandé au pouvoir syrien « d’assurer la sécurité des journalistes internationaux sur son territoire ».