La menace d’une nouvelle guerre civile refait surface au Nigéria, un pays secoué par des violences anti-chrétiennes et plombé par une grève générale contre la hausse fulgurante des prix de carburants. Le président nigérian Goodluck Jonathan estime que les troubles interconfessionnels actuels sont « pires » que la guerre civile des années 60.
Le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique avec 160 millions d’habitants risque de s’enfoncer dans une terrible guerre civile à la suite des attaques islamistes contre les chrétiens dans le Nord qui ont fait une centaine de morts depuis décembre. La situation dans ce pays est d’autant plus inquiétante en raison d’une grève générale étendue sur tout le territoire pour protester contre une hausse exponentielle des prix des carburants.
A l’appel de deux principaux syndicats, des milliers de personnes ont manifesté ce lundi au Nigéria au premier jour d’une grève générale illimitée pour contester le doublement du prix des carburants dans ce pays, le plus gros producteur de pétrole en Afrique. Pneus brûlés, circulation paralysée, foule en colère, les rues nigérianes se sont de nouveau enflammées notamment, à Lagos, la plus grande ville du pays, où un manifestant a été abattu par la police.
A compter de ce lundi, le prix à la pompe a en effet pratiquement doublé, passant de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 nairas (0,66 euro). Cette flambée des prix des hydrocarbures décidée par le gouvernement de Goodluck Jonathan a fortement mécontenté les Nigérians, dont 70% vivent sous le seuil de la pauvreté.
Les Eglises chrétiennes locales ont dénoncé une mesure "immorale", appelant ses instigateurs à revenir sur leur décision. Tandis que l’Assemblée nationale a adopté dimanche une motion exhortant le gouvernement à assouplir la hausse des prix de carburants. Les parlementaires ont, dans le même temps, invité les syndicats de "suspendre leur projet de grève générale et de participer à un dialogue approfondi sur cette question".
Cette grogne sociale survient alors que le pays est en proie à des terribles violences interconfessionnelles. Outre les attentats qui ont ensanglanté les célébrations de la fête de Noël qui avaient fait au moins 49 morts, six nouvelles attaques contre des chrétiens du Nord ont été signalés faisant plus de 80 morts. Ces attaques ont été revendiquées par la secte islamiste de Boko Haram. Le président nigérian Goodluck Jonathan s’alarme de la montée des violences dans son pays. "La situation à laquelle nous avons à faire face est pire que la guerre civile" des années 60, déclare-t-il, en référence à la guerre sécessionniste du Biafra (1967-1970) qui a fait plus d’un million de morts.
"Durant la guerre civile, nous pouvions savoir et même prévoir d’où venait l’ennemi. Mais le défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est plus compliqué", ajoute le chef de l’Etat nigérian, faisant allusion aux attentats à la bombe desquels personne n’est à l’abri.
De son côté, le site Internet Vatican Insider estime qu’"Il n’y pas de guerre de religion en cours au Nigeria, mais une féroce persécution qui trouve ses sources dans des ambitions de pouvoir et des causes économiques. Ils veulent désintégrer la fédération mais n’y réussiront pas".
Dimanche, Goodluck Jonathan a reconnu pour la première fois que Boko Haram disposait de complices et de sympathisants au sein des principales institutions du pays, dont le parlement, la justice et les services de sécurité.