En France, l’exploitation sexuelle revêt désormais de multiples facettes à l’heure actuelle et se développe dangereusement avec des actes de crime organisé. Un rapport de la fondation Scelles, rapporté par Le Monde, indique en effet que les importations de travailleuses de sexe s’intensifient de jour en jour dans le pays et les 18.000 à 20.000 prostituées qui exercent en France actuellement proviennent désormais du monde entier.
La fondation Scelles qui milite contre la prostitution interpelle les autorités françaises sur la nécessité d’une reforme législative afin de remédier à la croissance grandissante des exploitations sexuelles avec le crime organisé que connaît le pays actuellement. Dans son dernier rapport, cette fondation indique que les 18.000 à 20.000 prostituées que compte la France actuellement sont pour la plupart d’origines étrangères, importées pour travailler en périphérie des grandes villes, dans les forêts ou dans de faux "salons de massage".
La prostitution est devenue une véritable industrie en France. Elle génère d’énormes profits entre les mains d’une criminalité dangereuse qui perçoit de chaque prostitué près de 150 000 € par an. Le tarif d’une passe varie de 5€ à plusieurs milliers d’euros dans les grands hôtels. "Le potentiel de développement de la traite est immense", reconnait Yves Charpenel, avocat général à la cour de cassation et président de la fondation qui souligne entre autres les violences physique, sexuelle, psychologique, social que subissent les prostituées.
"Je n’ai pas rencontré une seule prostituée qui s’épanouissait. Si la prostitution heureuse existe, je ne l’ai jamais rencontrée", se désole cet avocat. Scelles a en effet constaté à plusieurs reprises des pratiques malsaines, qui malheureusement, sont devenues très courantes en France comme la déportation massive de jeunes équatoriennes ou européennes de l’Est vers la France à l’instar d’une jeune serbe. Elle aurait été vendue 12 fois entre gangs et a dû subir trois avortements forcés sans parler des violences à l’arme blanche qui lui aurait été infligées.
Dans son dernier rapport sur le trafic mondial des prostituées, publié vers mi-janvier, Scelles a déploré que l’action publique soit encore très limitée en France sur ce phénomène. Chaque année, effectivement, seules quelques trentaines de réseaux criminels sont démantelés "essentiellement d’origine étrangère et dont les victimes sont originaires d’Afrique centrale, d’Afrique du Nord, des Balkans, d’Amérique du Sud et, de plus en plus, de Chine". Leurs exploitations sont devenues courantes dans les plus grandes agglomérations, sur les axes de déplacement et dans les zones frontalières. "Elle a fait son apparition dans des agglomérations de taille moyenne comme Orléans ou Limoges" et en périphérie, dans les zones forestières comme en Ile-de-France, au bord des routes et sur les parkings, a soulevé cet organisme.
Face à ce fléau, la fondation préconise l’instauration de poursuites contre les clients des prostituées plutôt que d’interdire la prostitution elle-même. Ce deuxième cas de figure serait sans effet et serait perçu comme une répression à des victimes qui vivent déjà dans un climat de misère.
Elle propose entre autres que l’aide aux prostituées soit plus institutionnalisée. "Aucun service public n’accueille aujourd’hui les prostituées", déplore Yves Charpenel qui souligne au passage qu’une travailleuse de sexe dénonçant ses exploiteurs est obligée d’attendre leur condamnation judiciaire définitive avant de pouvoir jouir d’un titre de séjour.