La loi punissant la négation des génocides, très critiquée par la Turquie, sera promulguée en France très rapidement, "dans les 15 jours" à venir.
Le projet de loi punissant la négation des génocides, dont celui des Arméniens, met aux prises la France et la Turquie. Le président français Nicolas Sarkozy a adressé une lettre au premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, pour lui assurer que ce texte "ne vise nullement un peuple ou un Etat particulier".
"Je forme le vœu que la Turquie voudra bien prendre la mesure des intérêts communs qui unissent nos deux pays et nos deux peuples", poursuit le chef de l’Etat, sans se faire entendre.
Le premier ministre turc qui a qualifié cette loi de "raciste" a annoncé que son pays allait prendre des "sanctions définitives" contre la France en cas de promulgation. Recep Tayyip Erdogan a également promis des représailles "étape par étape" lors d’un discours, mardi, devant les députés turcs.
Ankara a dans un premier temps menacé de réduire ses relations diplomatiques avec Paris. "Quand je parle de rupture totale des relations diplomatiques, cela comprend mon départ définitif", déclare à la presse l’ambassadeur de Turquie en France, Tahsin Burcuoglu, au lendemain du vote du texte au Sénat français. "On peut aussi s’attendre à ce que les relations diplomatiques se passent désormais au niveau des chargés d’affaires et non plus au niveau des ambassadeurs", ajoute le diplomate turc.
Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, a quant à lui joué la carte de l’apaisement. Il a appelé "nos amis turcs au sang-froid". En sa qualité de chef de diplomatie, il estime lui aussi que cette loi est "inopportune", sans donner de commentaire.
La brouille franco-turque met en jeu d’importants échanges commerciaux chiffrés à 11,7 milliards d’euros en 2010. Pour cette raison, le Medef se mobilise pour protéger les intérêts du patronat français. Il faut savoir que la Turquie a été le troisième débouché de la France hors Union européenne et Suisse. De plus, la France est l’un des principaux investisseurs en Turquie. Il est "regrettable de remettre toujours de l’huile sur le feu (...) nous ne pensons pas que cela nuira très longtemps aux relations commerciales franco-turques", déclare Philippe de Brauer, représentant de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).
De leur côté, les députés UMP Jacques Myard, Eric Straumann et Jean-Philippe Maurer, hostiles à la loi sur le Génocide arménien, envisagent de saisir le Conseil constitutionnel pour examiner ce texte. "Ce n’est pas une question économique en ce qui nous concerne, mais parce qu’on touche à la liberté constitutionnelle d’expression, qu’on veut sceller l’histoire, la soviétiser", explique le député Jacques Myard.